Chine : le secteur aéronautique s’envole

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Par Thierry Leprince Modifié le 14 novembre 2014 à 15h22

Mardi 11 novembre, la Chine a inauguré son 10ème salon de l'aéronautique à Zhuhai, ville-préfecture de la côte sud de la province du Guangdong. La manifestation, qui a lieu tous les deux ans depuis 1996, prend une ampleur particulière cette année, tandis que la République populaire s'apprête à devenir dans les prochaines années le premier marché mondial de l'aviation.

Jusqu'à présent, la conscience collective ne retenait de l'aéronautique chinois que cette faculté très développée à signer d'importants contrats avec les géants Boeing ou Airbus. La donne, peu à peu, est en train de changer. D'une part, les deux mastodontes que sont l'Américain et l'Européen ont récemment revu à la hausse leurs commandes de matériels « made in China », perpétuant ainsi leur combat concurrentiel qui dure depuis la fin des années 1990. D'autre part, la République populaire de Chine (RPC) s'apprête à développer considérablement son industrie aéronautique, et par-là même perturber le duo d'intouchables dans leur sphère céleste. Tandis que Pékin entame son dernier trimestre sous le signe de la morosité, son économie espère déjouer les prédictions funestes en prenant de la hauteur.

L'appétit grossissant de la flotte chinoise

Evidemment, le chemin pour parvenir en bout de piste sera long. Le constructeur aéronautique public Comac (Commercial Aircraft Corporation of China) planche actuellement sur la fabrication du C 929, un long-courrier capable de détrôner le 737 de Boeing et l'A 320 Airbus à partir de 2023. Alliée avec le russe United Aircraft Corporation (UAC) pour sa conception, l'entreprise publique chinoise devrait recourir à certains équipements étrangers pour réaliser son projet, qui relève bel et bien du défi. Et un défi pour l'instant assez lointain, tandis que Comac présentait au salon de Zhuhai la maquette de l'appareil C 919, prédécesseur du C 929 et premier avion moyen-courrier tant attendu par les autorités.

Si le marché chinois de l'aéronautique est par conséquent en devenir, il représente une chance certaine pour l'économie du pays dont les signaux sont au rouge depuis cette année. L'avionneur public a ainsi annoncé, lors de l'ouverture du salon, avoir enregistré 30 nouvelles commandes de la part de CMB Financial Leasing, un loueur d'avions chinois. Avec ce dernier contrat, Comac porte le chiffre des commandes d'appareils C 919 à 430 unités. Malgré ces avancées, Pékin aura toujours besoin de recourir au marché international pour sustenter les besoins d'une flotte grossissante. Ainsi, d'après Boeing, l'Empire du Milieu deviendrait d'ici à 2033 le premier consommateur mondial d'avions devant les Etats-Unis ; sur les 6 000 nouveaux appareils, le géant Américain estime que seuls 23 % serviraient à remplacer de vieux avions – contre 42 % au niveau mondial.

« Ils sont meilleurs qu'on ne le pense »

La manifestation aéronautique qui a lieu en ce moment-même est également l'occasion pour la Chine de présenter aux yeux du monde son savoir-faire en matière militaire. Les participants au salon – dont Boeing et Airbus, pour l'instant bredouilles – ont ainsi pu admirer la première démonstration en vol du nouvel avion de combat furtif chinois J-31 et du nouvel avion de transport lourd Y-20. Si certaines voix s'élèvent pour dénoncer le manque potentiel de performance, les spécialistes de l'aéronautique chinoise tempèrent en assurant qu' « ils sont meilleurs qu'on ne le pense ».

Signe plus symbolique – quoique –, mais non dénué de conséquences, que la Chine investit manifestement le marché aéronautique mondial, le pays est en première position pour racheter les parts de l'Etat français dans l'aéroport Toulouse-Blagnac. Le projet de privatiser les terminaux en France n'est pas nouveau ; le gouvernement Fillon l'avait initié en son temps, avant de renoncer devant la gronde des élus locaux. En effet, dans le cas toulousain, c'est un consortium sino-canadien – majoritairement contrôlé par des fonds chinois – qui se verrait attribuer 49,99 % du capital de l'aéroport, soit la majorité face aux acteurs locaux minoritaires.

Si l'enjeu est ici purement français – tandis que les autres candidats au rachat sont Vinci et ADP –, il souligne bien l'immixtion croissante de la Chine sur le marché de l'aéronautique au plan international. Une ère nouvelle pour le « made in China » ?

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