Le gouvernement s’assoit sur un baril hautement explosif

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Par Véronique Farret Modifié le 23 août 2012 à 20h51

Le 22 août le baril de brut s'échangeait à 114.18 $ soit 91.56 €. Le litre de 95 sans plomb s'achète jusqu'à 2 € à Paris et 1,7 € à Marseille. Petit retour sur une promesse du candidat Hollande à la présidentielle :

En février de cette année, l'essence augmente et François Hollande ce jour là en campagne à Nantes, promet «Si nous sommes en capacité d'agir dès le mois de mai, nous aurons un blocage temporaire du prix de l'essence, une réflexion avec les distributeurs, et aussi la mise en place de cette TIPP flottante. » Il parle de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE, anciennement « taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers » ou TIPP)

Le 6 mai Monsieur Hollande élu président, un hasard heureux de l'économie offre une stabilité et même une baisse du prix de l'essence. Le 10 août, alors que les vacanciers sont sur les routes, et le président les pieds dans l'eau à Brégançon, on enregistre une nouvelle forte augmentation des prix à la pompe.

François Hollande rentré lundi 20 août de ses grandes vacances, les médias le taquinent sur cette promesse électorale. Je dis bien « les médias » car le sondage RMC du 22 révèle que 83 % des Français sont "contre le blocage du prix des carburants". En effet, déjà menacés par le matraquage fiscal annoncé par les socialistes, ils ont conscience qu'il faudra de toute façon payer d'une manière ou d'une autre pour compenser le manque à gagner de l' État...

Courageux François Hollande envoie donc son Premier ministre au front, un fusible de choix qui est bien embarrassé pour tenter de sauver la face. Jean-Marc Ayrault indique que la baisse de la fiscalité serait "modeste et provisoire" et ce, "en attendant de mettre en place un mécanisme qui régule le prix des carburants." (On sait ce que signifie le "provisoire" qui s'éternise avec les socialistes !)

Pour qu'une baisse ne soit pas ridiculement symbolique pour le travailleur ou la travailleuse qui doit faire de la route, il faudrait qu'elle soit d'environ 10 centimes par litre et cela coûterait 5 milliards par an au budget de l'État. Rien qu'un petit centime en moins sur le litre d'essence fait perdre à l'État 500 millions d'euros de rentrées fiscales !!

Décomposons le prix du litre de carburant :
Concrètement, le prix d'un litre d'essence sans plomb 95 à 1,585 € se décompose ainsi :
- 61 centimes correspondent au prix du produit acheté et raffiné,
- 9,4 centimes servent à payer les frais de transport et de fonctionnement de la station (loyer, salaires, électricité, entretien),
- 1 centime par litre représente la marge de distribution c'est-à-dire le bénéfice net moyen avant impôt du pétrolier.
- 86,7 centimes sont reversés à l' État au titre de la TICPE et de la TVA. (sources : Ufip, DGEC)

Comment pourrait-on bloquer les prix de l'essence ? Que peut-on baisser ?

- Le prix d'achat du baril ? Non, il est imposé par les pays producteurs et le marché.
- Le raffinage ? Non, les entreprises pétrolières travaillent à iso coûts qui suivent les normes internationales avec un bénéfice inférieur à 1% du prix. (A noter que le raffinage devient si cher en France qu'il accélère la fermeture des raffineries comme Petroplus à Petit-Couronnes ou la Raffinerie des Flandres à Dunkerque.)
- La distribution alors ? Impossible de réduire le prix sous peine de vendre à perte, de licencier ou bien de faire faillite....
- Reste donc comme seule variable d'ajustement les taxes, cette fameuse TICPE qui nourrit Bercy.
La précédente TIPP flottante mise en œuvre par Lionel Jospin et vantée par François Hollande avait coûté 2,7 milliards d'euros à l'Etat pour une baisse de prix de 2 centimes par litre. Et si j'en crois Monsieur Ayrault, c'est le genre de "cadeau" empoisonné que semble retenir le gouvernement.

Ou trouver les 5 milliards de plus pour tenir cette promesse électorale ?
La TVA anti-délocalisation dite "sociale" prévue par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, les socialistes l'ont abrogée.
Reste donc la CSG qui ne devait pas bouger selon Jérôme Cahuzac mais qui semble bel et bien "dans le pipe" si on écoute Ayrault ! Tous les Français risquent donc de payer la promesse démagogique et irresponsable du candidat Hollande un jour de février à Nantes au profit des « consommateurs qui n'ont pas d'autres moyens d'ailleurs d'utiliser leur voiture pour aller au travail ».

Le bal des hypocrites
Alors que François Hollande et ses ministres mettent en scène leur zénitude bronzée et souriante, ces journalistes de gauche brûlent leurs idoles pour faire de la copie en challengeant le gouvernement sur ses promesses intenables, au lieu de soutenir un renoncement prudent et raisonnable. Lorsque l'on soutient des loosers, on devient looser soi-même !

Les socialistes se heurtent à la dure réalité et refusent de l'affronter autrement qu'à coup de groupes de travail, concertations ou commissions... De ridicules sparadraps sur leur hypocrisie et leur lâcheté.
La croissance espérée par le PS à 1,2% ne sera selon les experts vraisemblablement que de 0,5% en 2013 réduisant d'autant les perspectives de rentrées fiscales. Le prix du baril augmente sans cesse à cause de la demande croissante de pays comme la Chine et de la baisse accrue de l'euro face au dollar. Et comme il n'est plus question de la rigueur vertueuse du gouvernement Sarkozy en matière de dépenses publiques, nous plongeons la tête la première dans une pression fiscale sans précédent, nous conduisant inéluctablement à la récession.

Voici les sages conseils de Christine Lagarde, pilonnée en 2011 pour ses propos jugés indécents par la gauche et la quasi totalité des médias :
" Il y a toute une série de mesures qu'on peut chacun individuellement prendre pour réduire jusqu'à 10 % la consommation de Super dans un véhicule... L'ADEME préconise un certain nombre de comportements économiquement et écologiquement malins". Les voici donc : "Organisez vos déplacements, limitez les petits trajets urbains, ne chargez pas trop votre voiture, vérifiez la pression des pneus et régulièrement le bon état du véhicule, démarrez votre moteur en douceur et anticipez les ralentissements, réduisez votre vitesse, évitez de pousser le régime moteur, coupez votre moteur dès que vous vous arrêtez plus de 10 secondes... "
Bonne route !

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Véronique Farret est une contribuable à sa fenêtre, qui profite de son temps libre pour surveiller du coin de l’œil le Pouvoir en place, et partager ses observations sur son forum.