Chaque année, le CDP (ex Carbon Disclosure Project) étudie l’impact des grandes entreprises sur l’environnement et note ces dernières au regard des efforts fournis. Dans un rapport émis en décembre dernier, la France, portée par certaines de ses entreprises, a pris la première place du podium en Europe.
Organisation internationale à but non lucratif basée au Royaume-Uni, le CDP étudie l’impact environnemental des grandes entreprises et publie chaque année, depuis 2003, des « scores environnementaux » qui vont de la lettre « A » à la lettre « D » en fonction de la politique de l’entreprise pour la protection de l’environnement. De quoi mettre la pression sur les entreprises soucieuses de leur image auprès des consommateurs… et des investisseurs.
La France peut remercier La Banque Postale et l’Oréal
En théorie, ces scores permettent aux actionnaires de verdir leurs portefeuilles en misant sur les partenaires parmi les plus vertueux. Autant dire qu’être en haut de cette liste, dans un contexte de transition écologique, est un argument de poids pour les entreprises soucieuses de développer leurs activités de manière responsable.
Parmi les groupes les mieux notés, 40 % sont basés en Europe, la première place revenant à la France, suivie par le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne. Au total, 23 entreprises tricolores ont été mises en avant pour leur leadership environnemental en obtenant la note (A), soit 25 % des sociétés récompensées sur le Vieux Continent. L’Oréal et Danone, mais aussi EDF, Kering, Saint-Gobain ou encore et surtout La Banque Postale.
Cette dernière a en effet suscité les félicitations du CDP pour l’étendue de ses actions dans la lutte contre le réchauffement climatique : en octobre dernier, La Banque Postale s’était engagée à tourner le dos aux énergies fossiles à l’horizon 2030, devenant ainsi « la première banque au monde à s'engager pour une sortie totale des secteurs du pétrole et du gaz », selon ses propres mots.
Une politique de RSE efficace qui permet au groupe bancaire de tirer son épingle de jeu et de marquer sa différence dans ce secteur concurrentiel, notamment auprès des jeunes. D’ailleurs, la banque ne se fait pas prier pour communiquer largement sur son ambition d’atteindre la neutralité carbone. Dans le cadre du rapport « Banking on Climate Chaos » à l’initiative de plusieurs ONG, l’institution bancaire a été qualifiée, aux côtés du Crédit Mutuel, de « leader montrant l’exemple », après sa décision d’exclure les entreprises pétrolières et gazières de ses financements : « la première banque à annoncer une politique énergétique aussi complète et ambitieuse » selon les conclusions du rapport.
Seulement 2 % de très bons élèves
Mais malgré les évaluations du CDP et leur reconnaissance par la plupart des grands groupes internationaux, le chemin à parcourir est encore long. Seules 272 entreprises sur les 13 000 évaluées - soit tout juste 2 % - ont obtenu la note maximale de (A) pour leurs actions en faveur du climat, indique la dernière version du rapport, dévoilée en décembre 2021.
Pour aller plus loin, 58 % des entreprises étudiées ont été classées « C » ou « D », D étant la moins bonne note. Comme si cela ne suffisait pas, 16.870 sociétés n'ont pas transmis suffisamment d'informations au CDP, ou n’ont tout simplement pas répondu, comme Chevron, Exxon Mobil et Berkshire Hathaway. « Il est urgent que les entreprises qui ne figurent pas sur la liste A agissent en conséquence […] les objectifs inadéquats ou le “greenwashing” ne passeront plus », a déclaré Maxfield Weiss, directeur exécutif du CDP Europe, dans un communiqué de presse de mars dernier.
Et du côté des « bons » élèves, pas de quoi sauter au plafond : seules 14 entreprises dans le monde ont obtenu la note maximale dans les trois catégories, que sont le climat, la forêt et l’eau. Parmi celles-ci, citons l’Oréal, Danone ou encore Unilever.
D’ailleurs, le nombre d’entreprises notées A accuse une baisse de 40 %. Il est donc passé de 280 à 200 entreprises. Laxisme ? Non. Cette donnée s’explique par des exigences rehaussées. Ainsi, pour espérer obtenir la note maximale, les entreprises doivent désormais disposer d’une gouvernance climatique, d’un processus de gestion des risques rigoureux, d’émissions vérifiées, ou encore d’objectifs de réduction des émissions sur toutes les chaînes de valeurs. Autant de critères qui sont évalués au regard des ambitions portées par l’Accord de Paris signé en 2016.
Reste maintenant au CDP de s’imposer comme un indicateur non seulement connu et reconnu par les spécialistes du secteur, mais aussi et surtout auprès des opinions publiques, seul moyen de véritablement changer les habitudes de consommation et d’investissement.