Retraites : des inégalités inacceptables entre fonctionnaires et salariés du privé

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Par Alain Mathieu Modifié le 30 janvier 2013 à 6h01

Le Conseil d’orientation des retraites (COR), vient de publier son dernier rapport. Comme les précédents celui-ci ignore l’écart flagrant entre le régime général et les régimes spéciaux, à commencer par celui de la fonction publique. Ainsi, la méthode de calcul des pensions conduit à des inégalités injustifiables aujourd’hui : 50 % du salaire moyen des 25 meilleures années pour les salariés du secteur privé, 75 % du salaire moyen des six derniers mois dans le public. La pension moyenne du secteur public était ainsi en 2008 supérieure à celle du secteur privé : 1.757 € par mois pour le secteur public et 1.166 € pour le secteur privé (y compris les pensions versées par les régimes complémentaires), soit des retraites survalorisées de 51 % pour le secteur public. En outre les âges effectifs de départ à la retraite sont très différents, les retraités du public partant en moyenne trois ans avant ceux du privé.

En 2011, les seules pensions des fonctionnaires coûtaient 63,7 milliards d’euros, en augmentation constante (4,7 % par an) depuis 20 ans. Si on y ajoute les autres régimes spéciaux (SNCF, EDF, etc.) on dépassera, en 2013, les 80 milliards d’euros, soit 4 % du PIB (produit intérieur brut) français. Pourtant, en Allemagne par exemple, le coût des retraites du secteur public est inférieur à 1,5 % du PIB. Cette différence de 2,5 % du PIB, soit 50 milliards d’euros par an, explique une partie importante de l’insuffisance de compétitivité des entreprises françaises. Elles versent, en effet, 160 milliards d’euros par an de prélèvements obligatoires de plus que les entreprises allemandes.

La fusion de tous les régimes en un régime unique et universel n’est donc pas seulement une nécessité de justice sociale. Elle est aussi une exigence du redressement économique de notre pays. L’article 16 de la loi de réforme des retraites du 9 novembre 2010 avait décidé une « réflexion nationale sur les objectifs et les caractéristiques d'une réforme systémique » portant sur « les conditions de mise en place d'un régime universel par points… », en bref la fusion de tous les régimes dans un régime unique. Le COR devait remettre avant 2013 un rapport à ce sujet. Il est navrant que l’organisme public qui devrait être à l’origine de cette réforme se dérobe à ses devoirs légaux.

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Alain Mathieu est président de l’association Contribuables Associés (200 000 membres). Polytechnicien et docteur ès sciences économiques, il s’intéresse depuis plus de 10 ans au fonctionnement de la société française et a publié deux ouvrages : « Le modèle anti-social français », en 2008, et « Ces mythes qui ruinent la France », en 2011.