On pourrait croire à un gag, c'est pourtant on ne peut plus vrai. Il manque 9 milliards à l'Union Européenne pour terminer l'année et honorer ses engagements. Tous les ans, comme pour un pays, la Commission de Bruxelles présente en cours d'année un budget rectificatif, et appelle des fonds complémentaires auprès des Etats membres. Quand on sait que les pays européens ont pris la facheuse habitude de toujours envoyer moins d'argent que celui prévu dans le budget initial, on comprend pourquoi l'Union européenne doit leur faire les poches en cours d'année.
Sauf qu'en 2012, sans doute à cause de la crise larvée, ce ne sont pas quelques millions ou même milliards qui manquent à l'appel, mais près d'une dizaine, même si la Commission dit "plutôt neuf milliards". Histoire de ne pas affoler plus les foules ? Le plus dramatique dans cet histoire, c'est que l'argent ne manquera pas à Bruxelles même. La Commission a évidemment mis de côté pour payer ses charges et frais de fonctionnement. Non, l'argent qui manque, c'est celui qu'elle... redistribue. Les Etats européens sont donc appelés à cotiser en fonction de leur poids dans l'Union Européenne. Faisant de l'Allemagne et de la France les deux plus gros contributeurs, depuis que Margaret Thatcher a tapé du poing sur la table en disant "I want my money back" et que la Grande Bretagne obtient tous les ans de ce fait une ristourne sur sa cotisation annuelle au club.
C'est donc de l'argent qui doit arriver à Bruxelles pour repartir aussitôt vers des Etats membres en attente de fonds européens pour boucler la construction de leurs routes, écoles et autres projets dans lesquels l'Europe met habituellement son grain de sel, pardon, apporte son écot. Un exemple symbolique de programme européen à l'arrêt faute de cash : les échanges étudiants d'Erasmus, qui ont un trou de 90 millions d'euros dans leur budget 2012.
Le Budget 2013 de l'Union Européenne est un autre sujet de tension entre Etats, Parlement Européen, et Commission. Le Budget présenté par la Commission, incorporant tous les projets souhaités par les Etats membres, est en hausse de 6,8 %. Mais les Etats membres ne veulent pas entendre parler d'une hausse de leur contribution de plus de 2,8 %... Kafkaïen.