La réalité à frappé aux portes du budget de la France pour 2015. La réalité et moins la politique : on sent que le départ de M. Montebourg donne à ces calculs une allure qu'ils n'auraient pas eue, lui présent.
La croissance 2014 est ainsi revue à la baisse, à 0,4%, ainsi que l'inflation, à 0,6 %. Pas de miracle : les prévisions 2014 étaient trop favorables. La reprise 2015 sera modeste, 1 %, comme l'inflation, 0,9 %. Ce chiffre est plausible, mais son point faible est la consommation. Certes, elle a été résiliente en début d'année 2014, mais il faut regarder les signaux négatifs de ces dernières semaines pour le textile, le meuble et la consommation. Nous ne sommes pas sortis de l'auberge.
Ce qui va se passer dans les têtes est donc décisif, maintenant que la stratégie du gouvernement est unifiée : profit (CICE, simplification...) puis investissement et emploi dans le privé, stabilisation de la dépense nominale dans le public. Le programme du gouvernement porte en effet ce budget, avec son lot de réformes, souvent en projet, dans l'entreprise et plus étalé encore dans le temps dans le public. Les discussions qui vont commencer sur les chiffres vont donc être, en réalité, celles des flexibilités dans le privé et des restructurations dans le public (réduction du nombre de régions, organisation des compétences, rôle des départements...). C'est là que le débat va prendre toute sa vérité, et dans les Assemblées, et dans la rue. C'est là qu'il s'agira de tenir les promesses faites dans le cadre européen et devant les marchés financiers. Mais aussi et surtout devant nos concitoyens qui s'inquiétent.
Les économies de dépenses publiques sont également précisées, avec des limites pour les dépenses des collectivités locales. Les prélèvements sur les trésoreries excédentaires et sur la baisse des effectifs de la fonction publique sont également annoncés. Évidemment, il s'agit, avec 1200 fonctionnaires en moins en 2015, plus d'un symbole que d'une donnée macroéconomique. Mais c'est le début d'une décrue, qui devrait accompagner les départs massifs à la retraite. À voir alors comment l'Etat tiendra, face aux fonctionnaires. Autre signe, l'Etat à prévu de céder en bourse pour 4 milliards d'euros de titres, ce montant étant affecté au désendettement. À voir aussi.
Bien sûr, il faudra expliquer ce processus et le valider. Il faudra expliquer aussi que le trajet de réduction du déficit n'est pas celui prévu, à cause de l'importance de la désinflation.
Surtout, il faudra insérer ce budget et ce plan pluriannuel dans un programme plus profond encore de modernisation des structures publiques. Dépenser moins est une chose, moderniser pour changer les comportements en est une autre. Et ceci est essentiel.
Ne nous y trompons pas, le réalisme commence à rentrer dans les comptes, avec la crise et la montée de la dette. Pour en sortir vraiment, il faudra dépenser moins, donc moderniser plus (administration, école, santé...), et expliquer et informer beaucoup plus encore. Ceci vient seulement de commencer. Préparons-nous donc à accélérer.