Il faut souhaiter bien du courage aux fonctionnaires qui ont élaboré le projet de loi de Finances 2013. Savoir que son travail sera découpé à la machette quand ce n'est pas directement à la tronçonneuse doit être un brin stressant, sauf à faire preuve d'une très grand humilité.
Depuis le début de la semaine, les députés étudient point par point les différentes propositions de réforme politique et fiscales présentées par le gouvernement dont les plus emblématiques ont été largement rapportées dans la presse, donnant la parole à leurs défenseurs et à leurs adversaires. Mais désormais, la batialle se joue dans l'hémicycle, mais plus encore peut-être en coulisses, dans les couloirs et les bureaux de l'Assemblée, et de temps en temps, pour mettre la pression, dans la salle des quatres colonnes ou trainent toujours plusieurs journalistes à l'affut d'une info ou d'un clash.
Parfois, députés de la majorité et de l'opposition arrivent facilement à se mettre d'accord sur un amendement. Ainsi, alors que la taxe sur les bières est multipliée par 2,6 en moyenne dans le projet de loi de finances, plusieurs députés PS et UMP ont déposé ensemble un amendement visant à exempter les "petites brasseries indépendantes" de cette surtaxe. Encore faudra-t-il réussir à définir la ligne séparant une petite brasserie d'une moyenne et d'une grosse.
En revanche, les députés ont trouvé une autre cible fiscale, avec un argument de santé publique "imparable" : Les boissons énergisantes. Affirmant qu'elles sont souvent mélangées à de l'alcool par les jeunes, car dopantes, toutes celles comportant au moins 220 mg de caféine ou 420 mg de taurine pour 1 litre seront taxées à hauteur de 200 euros par hectolitre, soit... 2 euros le litre tout de même. On imagine la réaction des producteurs de ces boissons (dont le fameux Red Bull autrichien, sponsor du saut de Felix Baumgartner qui a fait un buzz mondial ce week-end).
Autre réforme qui fait l'objet d'un combat de haute lutte à l'assemblée : la réforme du quotient familial. Aujourd'hui, tout enfant permet aux parents de réduire leur impôt sur le revenu de 2336 euros. Le gouvernement souhaite réduire le quotient à 2000 euros, affirmant que la mesure ne touchera que 2,5% des foyers. Mais les adversaires de cette réforme soutiennent que les premières victimes de la mesure seront les familles nombreuses. Or d'après l'INSEE, les 3/4 des enfants pauvres, en France, sont dans des familles nombreuses. La réduction du quotient familial réduira de facto la réduction d'impôt dont elles bénéficient, qui se concrétise, pour certaines par un chèque du Trésor Public en septembre. Si le quotient familial est réduit à 2000 euros par enfant, la mesure coûtera 555 euros en moyenne aux 2,5 % de foyers qui seront impactés, mais dans les faits beaucoup beaucoup plus pour celles de 4 enfants ou plus.