Brexit : Se préparer à tous les scénarios

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Par Nadège Dufossé Publié le 24 décembre 2020 à 5h12
Brexit Negociations No Deal 2
@shutter - © Economie Matin
50%L'Union des 27 représente environ 50% du commerce britannique.

Le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne (UE) le 31 janvier 2020 et se trouve actuellement dans une période de transition qui devrait se terminer à minuit le 31 décembre 2020. Même si un accord peut encore être finalisé, nous reconnaissons qu'à moins de 10 jours du 31 décembre, nous devons nous préparer à toutes les éventualités.

Et s'il n'y a pas d'accord commercial ?

L'impact d'une absence d'accord est difficile à évaluer.

Les modèles donnent un large éventail de résultats, en fonction des critères pris en compte.

Avec 62 % des entreprises "aussi prêtes qu'elles peuvent l'être" et 27 % "partiellement préparées" selon une enquête de la Banque d'Angleterre menée en novembre dernier auprès des directeurs financiers, il existe une réelle possibilité que la confiance des entreprises soit impactée.

Si l'ampleur des résultats varie considérablement, toutes les études montrent que le Royaume-Uni sera beaucoup plus touché que l'Union Européenne : à long terme, l'impact sur le PIB varie de -3% à -9%, tandis que l'impact au sein de l'UE ira de -0,3% à -1,5%.

Cela ne devrait pas être une surprise puisque l'Union des 27 représente environ 50 % du commerce britannique alors que le Royaume-Uni représente une part beaucoup plus faible du commerce de l'UE (en 2019, 6,1 % du total des exportations de biens de l'UE et 9,5 % du total des exportations de services).

Que se passe-t-il si un accord commercial est conclu ?

Un accord empêcherait les relations commerciales entre le Royaume-Uni et l'UE de devoir revenir aux règles de l'OMC. Néanmoins, cela n'empêcherait pas le rétablissement des contrôles des marchandises franchissant la frontière et de potentielles tensions.

Il est toutefois probable que cela empêcherait tout de même le scénario catastrophe dans lequel la confiance serait gravement atteinte.

Bien que les relations entre le Royaume-Uni et l'UE seraient durablement changées, un accord serait une bonne nouvelle pour les marchés.

Quid de nos scénarios de croissance ?

Dans le meilleur des cas, si la campagne de vaccination est efficace et qu'un accord commercial est conclu, nous prévoyons une croissance du PIB britannique de 6,8 % en 2021. Ce fort rebond reflèterait principalement la réduction des mesures de distanciations sociales.

Dans le pire des cas, la livre resterait probablement en berne et les autorités (le gouvernement ainsi que la Banque d'Angleterre) interviendraient probablement pour apporter un soutien supplémentaire. Le PIB continuerait à peine à croître, car les perturbations et les tarifs douaniers plus élevés freineraient l'activité. Après une chute de 11,2 % en 2020, le PIB du Royaume-Uni resterait donc inférieur de 8 % par rapport à son niveau de fin 2019 !

Quel positionnement adopter en matière d'allocation d'actifs ?

Pour le moment, notre scénario principal reste celui d'un accord de dernière minute. Nous sommes surpondérés en actions britanniques et légèrement surpondérés en livres sterling. Les actions britanniques sont au cœur de l’ultime enjeu.

Elles devraient bénéficier pleinement d'un répit si un accord est trouvé et d'une reprise une fois que nous sortirons de la crise sanitaire.

Si un accord du Brexit "dur " est conclu début 2021, cela augmentera probablement la prime de risque, non seulement des actifs au Royaume-Uni, mais aussi dans toute l'Europe, et affectera les devises.

Le virus reste le principal problème à court terme. Sur le long terme, la configuration politique et l'attractivité de l'Europe dépendront de la capacité à trouver un accord qui ne pénalise pas les deux parties.
Au-delà des actifs britanniques, nous sommes exposés à des actifs liés à la relance : les petites capitalisations américaines par rapport au marché américain, les banques européennes et américaines. Parallèlement, notre portefeuille de base reste orienté vers les thèmes et les pays les plus résistants après la crise sanitaire.

Nous avons également ajouté des mesures de précaution sur le marché européen des actions afin de faire face à un Brexit "dur" ou un échec des vaccins.

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Nadège Dufossé est responsable de l'Allocation d'Actifs chez Candriam.