Brexit : comment Londres va se séparer de l’Europe

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 27 juin 2016 à 7h06
Brexit Consequences Sortie Grande Bretagne
@shutter - © Economie Matin
3,2%La fortune des 400 plus gros milliardaires du monde a chuté de 3,2 % après le Brexit.

Lors du référendum sur le Brexit, jeudi 23 juin 2016, les Britanniques ont écrit l'Histoire : ils ont voté en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne. Un vote que certains commencent à regretter, invoquant même, par une pétition, un deuxième référendum. La question reste, toutefois : comment le Royaume-Uni va-t-il faire pour sortir de l'Union Européenne ?

Brexit : ça va se passer comment ?

Sortir de l'Union Européenne implique plusieurs problèmes et risque de coûter cher au Royaume-Uni. Il suffit de voir la chute de la livre sterling le 24 juin 2016 ou encore la menace de Standard & Poor's d'enlever le triple A à la dette britannique pour s'en rendre compte.

Si le Royaume-Uni sort de l'UE, on ne sait pas comment. Aussi longtemps que le pays était membre de l'Union Européenne, des accords lui permettaient d'échanger librement capitaux et marchandises. Avec sa sortie, ces accords deviennent caducs et il faut tout renégocier. Plusieurs scénarii s'offrent alors au gouvernement anglais.

Certains accords, comme le maintien au sein de l'Espace Economique Européen, pourraient changer peu aux relations financières et commerciales. L'Islande, par exemple, est liée par ces accords sans être membre de l'Union Européenne. Mais ces accords impliquent des règles que les Britanniques ont refusées par ce référendum.

Certains autres pays, comme la Suisse ou le Canada, bénéficient d'accords spéciaux mais qui sont bien plus limités que ceux liant entre eux les pays membres de l'UE ou de l'EEE. Opter pour ces solutions serait coûteux autant pour l'Union Européenne que pour le Royaume-Uni.

Ou alors, mais ce serait le pire scénario, le Royaume-Uni se contentera des accords liant les pays de l'OCDE. L'espace économique, beaucoup plus large, permet certains échangés mais ceux-ci sont très limités. Ce serait une perte énorme pour l'économie du pays : 19 milliards d'euros par an selon le Trésor britannique.

A moins que le Royaume-Uni ne surprenne tout le monde et ne crée un nouveau paradigme ? ce serait possible... mais très long en termes de négociations. Or la sortie de l'UE devrait durer entre 2 ans (durée minimum) et... plus de 6 ans (selon certaines estimations).

Et si le Brexit n'avait finalement pas lieu ?

Reste une option peu discutée mais qui pourrait, au vu de l'opinion des Britanniques sur le Brexit au lendemain du vote, devenir réalité : l'abandon du Brexit. Le référendum voté le 23 juin 2016 n'était en effet que "consultatif" et non "contraignant". Les Britanniques ne sont donc pas encore officiellement sortis de l'Union Européenne.

Pour ce faire, le gouvernement doit invoquer l'article 50 du traité de Lisbonne qui gère, depuis 2009, l'option de sortie de l'UE des pays-membres. David Cameron, à l'origine du référendum, a déjà dit publiquement qu'il ne l'invoquera pas durant son mandat, mandat qui ne va durer encore que jusqu'en septembre 2016, vendredi 24 juin 2016 il a donné sa démission.

Les Britanniques sont donc partis pour être appelés aux urnes une nouvelle fois avant la fin de l'année 2016 et le Brexit pourrait de nouveau faire surface dans la campagne. Non pas en tant que référendum mais en tant qu'argument de vote. Les candidats pourraient estimer nécessaire de dire si oui ou non ils comptent effectivement invoquer l'article 50 une fois élus... ce qui serait, de fait, un deuxième référendum populaire sur le Brexit, appelé maintenant au Royaume-Uni le "Regrexit", mélange de "regression", "regret" et "exit".

Les riches, en attendant, font les comptes

Ceux qui pourraient tout faire changer, ce sont les riches. Si certains ont soutenu la campagne du "leave", ils s'en mordent les doigts au lendemain d'un vendredi noir en Bourse. Les 400 plus grosses fortunes du monde, qui valent 3 500 milliards de dollars à elles-seules, ont perdu gros.

La chute de la Bourse a coûté la bagatelle de 115 milliards de dollars aux plus riches, soit 3,2 % de leurs avoirs. Armancio Ortega, le milliardaire le plus riche d'Europe propriétaire, entre autres, de Zara, a vu sa fortune fondre de 5 milliards de dollars. Bill Gates et Jeff Bezos ont perdu 1 milliard chacun tandis que les 15 personnes les plus riches du Royaume-Uni ont perdu 5 milliards de dollars.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio