Coup de tonnerre dans le secteur des télécoms. Le conseil d’administration de Bouygues Telecom a rejeté comme un seul homme la proposition d’acquisition mise sur la table dimanche dernier par Patrick Drahi. Pourtant, les 10 milliards d’euros étaient plus qu’alléchants…
Les administrateurs de Bouygues n’ont pas voulu de l’offre « non sollicitée » de fusion de la filiale télécom avec Numericable-SFR. Le communiqué de presse de Bouygues Telecom ne laisse place à aucune ambiguité et renouvelle sa confiance en l’équipe dirigeante de l’entreprise pour poursuivre sa route… seule.
Pas d’acquisition
Le marché des télécoms est à l’aube d’une « nouvelle ère de croissance portée par le développement exponentiel des usages numériques », explique le communiqué. Bouygues Telecom dispose d’un « avantage concurrentiel » avec son réseau 4G « reconnu comme l’un des meilleurs du marché ». À l’horizon 2017, la marge d’Ebitda devrait être de 25% minimum, estime les administrateurs.
L’offre de Numericable-SFR présente également un risque d’exécution très important, faisant peser les risques sur le vendeur, écrit le conseil. Il est vrai qu’Altice finance cette acquisition par des prêts auprès des banques, sans avancer des fonds propres que la holding ne détient pas. Par ailleurs, « aucune réponse pleinement satisfaisante n’est apportée par Altice sur [le sujet essentiel qu’est la concurrence] qui serait étudié en détail par l’Autorité de la concurrence ».
Pas de scission de Bouygues Telecom
Il n’est pas question pour Bouygues de « scinder en deux » l’opérateur pour satisfaire les exigences du régulateur — dans le schéma imaginé par Altice, une partie des actifs de Bouygues Telecom serait revenu dans l’escarcelle de Free Mobile. Dans les coulisses, le ton est moins feutré. Des indiscrétions recueillies par Les Echos indiquent que l’offre à la hussarde de Patrick Drahi a soulevé un fort sentiment d’irritation parmi les administrateurs, qui ont aussi pointé le « manque de sérieux » du patron de Numericable-SFR.