Les bons plans pour aller à l’opéra et au concert sans se ruiner, 2019-2020

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Par Philippe Herlin Modifié le 13 décembre 2022 à 20h36
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17 MILLIONS €Le Théâtre du Châtelet a bénéficié de 17 millions d?euros de subvention,

Les programmes 2019-2020 des grandes salles de musique classique à Paris viennent de sortir. Comme les années précédentes, nous reprenons notre guide des bons plans pour se rendre à l’opéra et au concert sans trop dépenser.

Le principal conseil que nous donnons consiste à s’y prendre à l’avance et à récupérer les programmes, la consultation étant souvent plus aisée que les sites Internet. Cette méthode vaut également pour nos lecteurs de province : Lyon, Toulouse, Nantes, Lille, etc. proposent des saisons de qualité à des prix abordables, il faut épluchez les programmes afin d’en profiter au mieux. Nous conseillons aussi de s’abonner aux newsletters des salles, pour se tenir au courant, et parfois bénéficier d’offres. Nous abordons ici les grandes institutions, mais le mélomane parisien ne manquera pas de consulter également les programmes de grande qualité de l’Opéra Royal de Versailles, le Théâtre de l'Athénée, de l’Auditorium du Louvre, de la Salle Cortot, de la Salle Gaveau, des concerts Jeunes Talents dans le Marais, de l’Orchestre des Jeûnes d’Île-de-France.

Réouverture du Théâtre du Châtelet, tout ça pour ça !

Commençons par le Théâtre du Châtelet qui réouvre après deux ans de travaux. Autant nous sommes impatients de découvrir le théâtre rénové en septembre, autant on ne peut être que déçu par la programmation annoncée qui ressemble à celle d’une MJC avec son défilé de marionnettes géantes (Parade), ses ateliers d’amateurs pilotés par Abd Al Malik pour monter Les Justes de Camus, le Théâtre national de Corée, le DJ Rone… C’est bien la peine de changer de direction, de disposer de 17 millions d’euros de subvention, d’une pause de deux ans, pour que les seuls éléments intéressants soient une reprise de l’époque Choplin (Un Américain à Paris), une production du Festival de Glyndebourne (Saül de Haendel), de la danse contemporaine que l’on a déjà vu maintes fois en face au Théâtre de la Ville (Forsythe, Cunningham, Bausch) ! Seul bon point, Teodor Currentzis viendra diriger quelques concerts. La location commence le 29 mars.

L’Opéra de Paris lance un nouveau Ring

Passons aux choses sérieuses. Alors qu’il fête ses 350 ans, l’Opéra de Paris frappe un grand coup cette saison avec une nouvelle production du Ring, la tétralogie de Wagner (L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried, Le Crépuscule des dieux), avec des tarifs en conséquence. Calixto Bieito assure la mise en scène (on a pu le voir dans Carmen et Simon Boccanegra), le directeur musical Philippe Jordan sera au pupitre, avec une distribution de haut niveau pour relever ce sacré défi. Parmi les nouvelles productions, on notera La Traviata de Verdi, Les Indes galantes de Rameau, Le Prince Igor de Borodine, Manon de Massenet. Parmi les reprises, on ne manquera pas la sublime Madame Butterfly de Puccini dans la mise en scène de Robert Wilson, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach mis en scène par Robert Carsen et Yvonne princesse de Bourgogne de Philippe Boesmans, l’un des compositeurs d’aujourd’hui les plus doués pour l’opéra. Pour le ballet, on signalera une création du captivant William Forsythe ainsi que des reprises du magnifique Parc, sur des musiques de Mozart, d’Angelin Preljocaj, une belle soirée Balanchine, ou l’iconique Giselle.

Comment assister à ces spectacles sans trop dépenser ? On peut bien sûr s’abonner, même s’il n’est pas forcément pratique de bloquer des dates un an à l’avance. Sinon une bonne solution consiste à acheter ses places à l’unité environ trois mois à l’avance, en respectant le calendrier d’ouverture des réservations : par exemple, pour voir Les Indes galantes, qui commencent le 26 septembre, il faudra se connecter au site le 11 juin à 12 heures. On peut ainsi acquérir des places dans toutes les catégories, dont plusieurs sont bon marché, mais il ne faut pas traîner parce qu’elles partent en quelques minutes. Il existe aussi un excellent dispositif fonctionnant tout au long de l’année : la Bourse aux billets officielle qui permet la revente de billets entre spectateurs en toute transparence et sans commissions, avec très souvent des prix attractifs. Reste enfin les solutions le jour même : 32 places debout à 5 euros à Bastille (en haut sur les côtés) mises en vente 1h30 avant le début de la représentation, et une centaine à visibilité réduite à 10 euros à Garnier proposées à l’ouverture des guichets de Garnier à 10h. Les moins de 28 ans bénéficient d’une opération spéciale avec des Avant-premières Jeunes à 10 euros seulement. Signalons également 6 soirées offrant des tarifs réduits (-40%) aux moins de 40 ans (ouverture des ventes le 21 juin) et 4 soirées à prix cassés pour les familles qui ne sont jamais venues à l’Opéra, Ma Première fois à l’Opéra.

L’Opéra Comique, temple du répertoire léger

L’Opéra Comique, lui, présente sa saison en décalé, de janvier à janvier. On pourra voir Manon de Massenet en juin, Madame Favart d’Offenbach en juin, un opéra de Cavalli puis Fortunio de Messager en décembre. Les formules d’abonnement sont bien sûr déjà ouvertes et les places à l’unité offrent des prix très accessibles mais à la visibilité réduite. On ne manquera pas de fréquenter cette salle magnifique qui s’attache à défendre le répertoire lyrique léger.

Le Théâtre des Champs-Elysées célèbre Beethoven

Autre salle magnifique, véritable splendeur de l’art déco, le Théâtre des Champs-Elysées propose de fêter le 250e anniversaire de la naissance de Ludwig van Beethoven avec l’intégrale de ses symphonies par le prestigieux Orchestre philharmonique de Vienne dirigé par Andris Nelsons, ses 16 quatuors par le Quatuor Belcea, les 5 concertos pour piano en une soirée par François-Frédéric Guy, Fidelio en version de concert, une sélection de sonates pour piano par Kissin, Kim, Say, Matsuev, etc.

On retrouve bien sûr une programmation qui met en valeur toutes les formes musicales, que ce soit l’opéra mis en scène (Le Freischütz de Weber, Les Noces de Figaro de Mozart, Roberto Devereux de Donizetti, Le Couronnement de Poppée de Monteverdi), l’opéra et l’oratorio en concert (32 en tout, toujours surtitrés, même les oratorios, ce qui est une excellente initiative), l’orchestre symphonique (l’Orchestre de Chambre de Paris qui est à demeure, le Rotterdams Philharmonisch Orkest et Yannick Nézet-Seguin dans la 5e de Mahler, le Philharmonia et Salonen dans la 9e de Mahler, etc.), le récital de chant (Elina Garanca, Jonas Kaufmann, Roberto Alagna, Matthias Goerne, Philippe Jaroussky, etc.), la musique de chambre et le piano (Andreï Korobeinikov, Grigory Sokolov, Jean-Philippe Collard, Nikolaï Lugansky, etc.), ainsi que du ballet (Angelin Preljocaj, Benjamin Millepied, Laurent Hilaire).

Il existe des formules d’abonnement, d’ores et déjà ouvertes, à partir de cinq spectacles, et permettant d’obtenir des tarifs accessibles. Pour les concerts à l’unité, la vente sur le site pour tous les spectacles de la saison commencera le mardi 11 juin à 10h. Reste ensuite l’avant-dernière catégorie (visibilité limitée), à 10 euros, en vente aux guichets à partir du 4 septembre à 11h puis sur le site à partir du lundi 9 septembre à 10h. La dernière catégorie (visibilité faible ou nulle) à 5 euros, est mise en vente le jour même une heure avant la représentation. Il existe une Bourse aux billets, qui permet de trouver des prix bon marché.

La Philharmonie, un programme pléthorique

La Philharmonie de Paris propose dans ses deux salles (la Philharmonie proprement dite avec la Grande salle Pierre Boulez et la Cité de la musique) un copieux programme symphonique et de la musique de chambre. On préférera se plonger dans l’imposante brochure (440 pages tout de même), plus claire que le site. Les propositions sont d’une très grande richesse, on pourra signaler le Parsifal de Wagner par Valery Gergiev (22/9), la 10e de Chostakovitch par Mariss Jansons (31/10), le récital Maurizio Pollini (21/11), la 3e de Mahler par Esa-Pekka Salonen (12, 13/12), la 9e de Mahler par Michael Tilson Thomas (7/4), l’intégrale des symphonies de Beethoven par Yannick Nézet-Seguin et le Chamber Orchestra of Europe (24-26/4).

Il existe des formules d’abonnement, d’ores et déjà ouvertes, mais il faut surtout noter le lundi 6 mai à 12h pour l’ouverture sur le site de l’achat des places à l’unité pour l’ensemble des concerts de la saison, premiers arrivés, premiers servis ! Surtout que les places de dernière catégorie à 10 euros, mais offrant une excellente visibilité, ne seront disponibles qu’à ce moment, soit un excellent un rapport qualité/prix. Ceci dit, les catégories supérieures demeurent tout à fait abordables. Comme l’Opéra de Paris et le Théâtre des Champs-Elysées, la Philharmonie a créé une Bourse aux billets qui permet de récupérer des places bon marché.

Radio France, une riche programmation

Dernière grande institution à présenter sa saison (le 11 avril), Radio France offre une exceptionnelle qualité d’écoute avec son auditorium de 1600 places, disposées autour de l’orchestre. Les deux orchestres de la maison, l’Orchestre National de France et l’Orchestre Philharmonique de Radio France, bénéficient d’une vraie symbiose avec leurs directeurs musicaux, respectivement Emmanuel Krivine et Mikko Franck, ce qui laisse espérer de grandes soirées musicales. On conseillera tous les concerts dirigés par ces deux chefs, et on signalera aussi, dans cette riche programmation, la série de concerts dédiée au « Groupe des six » (Honegger, Poulenc, Milhaud, Auric, Tailleferre, Durey), l’ancien chef du Philhar’, Myung-Whun Chung, qui revient pour Messiaen et Saint-Saëns, Ariodante de Haendel dirigé par Marc Minkowski, un hommage à Michel Legrand, John Adams qui dirige ses compositions, deux concerts dédiés à la musique espagnoles par le National en fin de saison. On notera également une copieuse programmation de musique de chambre, avec notamment une intégrale des sonates pour piano de Beethoven en deux journées par plusieurs pianistes, ses derniers quatuors par Diotima, de la musique chorale avec le Chœur et la Maîtrise de Radio France, des « concerts-fiction », de l’orgue et du jazz.

Les abonnements viennent d’ouvrir, il existe une intéressante formule pour les moins de 28 ans (4 concerts pour 28 euros). La vente des concerts à l’unité commence le lundi 3 juin à 10 heures, elle permet d’accéder aux places de la 5e et dernière catégorie à 10 euros, où la vue est parfaite, soit un exceptionnel rapport qualité/prix. À noter dans votre agenda !

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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