Lettre ouverte à Jean-Claude Juncker futur Président de la Commission Européenne

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Par Bernard Cherlonneix Publié le 28 juillet 2014 à 2h28

Monsieur le Président,

Nous vous invitons par la présente lettre ouverte à mettre un coup d'arrêt, par la voix de l'Union Européenne, dans l'intérêt de l'Europe et du monde, à l'inquiétante dérive impériale des Etats-Unis dont témoigne la récente attaque abusive d'un groupe bancaire européen par la justice américaine en dehors de sa juridiction.

Poursuivez Goldman Sachs devant les tribunaux Européens compétents pour sa responsabilité dans la crise grecque et la perte par les créanciers privés de la Grèce de 40 milliards d'euros !

Profitez de la négociation du traité transatlantique de libre échange pour circonscrire le pouvoir monétaire américain !

En accusant BNP Paribas de transgresser la loi américaine parce que sa filiale suisse a utilisé le dollar dans des opérations commerciales interdites par les Etats-Unis, ceux-ci viennent de franchir un pas dangereux dans leurs relations avec leurs pays alliés auxquels ils signifient clairement que leur souveraineté est limitée. Plus grave encore, ils portent atteinte au droit de propriété privée sur le plan international, dont le respect est censé faire partie de leur patrimoine constitutionnel et de leur rôle revendiqué de défenseur du monde libre. Faut-il comprendre que chaque dollar dans le monde, tout avoir libellé en dollars, est potentiellement nationalisable par le Gouvernement américain ? Que tout usage du dollar, même comme simple unité de compte, est soumis au bon vouloir des Etats-Unis ?

I) Au contraire de ce comportement abusif, l'Union Européenne a, quant à elle, le droit le plus strict de mettre en cause la responsabilité de la banque américaine Goldman Sachs dans la crise grecque et de lui réclamer des dommages et intérêts proportionnels aux pertes subies à cette occasion par les créanciers privés, environ 40 milliards d'euros. On sait en effet que cette banque a sciemment aidé le Gouvernement grec à dissimuler l'importance de ses déficits publics, avant de transgresser les règles déontologiques les plus élémentaires en vendant, pour son compte propre, de la dette obligataire de l'Etat grec, son client d'hier.

II) Par ailleurs cet abus de droit montre la nécessité de faire entrer la question monétaire dans le champ du traité transatlantique de libre-échange, non seulement en raison de la politique de dépréciation du dollar qui crée une distorsion permanente de compétitivité au détriment de la croissance en zone euro, mais aussi désormais pour clarifier la portée des droits de propriété des détenteurs de dollar en dehors des Etats-Unis. La Chine et la Russie seront les alliés naturels de l'Union Européenne dans cette stratégie visant à contrer les méfaits d'un abus de position monétaire dominante.

Monsieur le Président, cette dérive est une occasion rêvée, à l'aube de votre mandat, de redorer le blason de l'Union Européenne en défendant sa juste cause, alors même que nombre d'Européens, « europhiles » comme « eurosceptiques » s'interrogent sur ce qu'elle fait pour la défense et la promotion des Etats-Nations qu'elle fédère. Il est temps que ce géant économique cesse d'être un nain politique et fasse clairement entendre sa voix dans le concert des nations-continents. En se dressant contre les abus, l'Union Européenne ferait une judicieuse application du principe de subsidiarité censé l'animer, une des clés du renouveau au plan national et européen. Vous fédéreriez ainsi les Européens autour d'une juste cause tout en contribuant au bien commun mondial.

Bernard Cherlonneix

Président de l'Institut Pour le Renouveau Démocratique www.renouveaudemocratique.org

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Bernard Cherlonneix est Président de l’Institut pour le Renouveau Démocratique.

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