La BCE va racheter les dettes des Etats européens en difficulté sur les marchés et ainsi sauver l’euro. Pour certains, c’est le bon choix qui pourrait assurer le miracle : "sauver l'euro". Mais à quel prix, à quelles conditions ? Avec quelles conséquences ? Ces questions ont‐elles si peu d’importance, qu’elles soient si peu abordées ? Les marchés vont être rassurés, les cours remontent. Quels problèmes on t été résolus ? Qu’en sera‐t‐il demain ?
Il est clair, les manifestations, mouvements populaires, déclarations de dirigeants syndicaux, propos rapportés par les médias, que les populations refusent les mesures d’austérité imposées par les technocrates européens. Alors que les gouvernements les acceptent ! Mais, même si tous ceux actuellement en poste, n’exerçaient pas le pouvoir lors des dérives budgétaires, tous les membres des gouvernements appartiennent à la classe dirigeante qui, même si elle n’accepte pas de le reconnaitre en public, sait qu’elle est responsable de la situation.
Mais
ce
n’est
pas
elle
qui
va
assumer
les
conséquences
de
l’austérité.
Elle
ne
sera
sans
doute
même
pas
affectée,
ou
si
peu.
Les
classes
populaires,
ceux
qui
se
contentent
de
survivre
plus
qu’ils
ne
vivent
dans
notre
société
de
consommation,
ne
seront
pas
dans
le
même
cas.
Ils
vont
souffrir.
Ils
souffrent
déjà
et
ressentent
l’injustice
de
cette
souffrance
imposée
pour
des
fautes
dont
ils
ne
se
sentent,
ne
sont,
pas
responsables.
Et
l’abandon
de
cette
souveraineté
acceptée,
sous
les
contraintes
par
les
gouvernements,
ne
le
sera
pas,
ne
peut
pas
l’être,
par
les
populations.
Il est inacceptable que nos Etats ne soient pas souverains, aussi longtemps que nous vivrons dans des Etats‐nations. Il n’est pas plus envisageable d’essayer de remplir le tonneau des Danaïdes. Que les états continuent à entretenir les fuites du réservoir, que la Banque Centrale Européenne s’efforce de remplir.
Pour un Etat, cette situation est nouvelle. Personne n’y a encore été confronté et les deux contraintes ci‐dessus relevées semblent incompatibles. Mais pour les entreprises, voire les particuliers, ce genre de situation est courant. Les règles juridiques, procédurales, les procédures collectives, les mesures de sauvegarde, les pratiques bancaires, sont rodées. Il est possible de s’en inspirer pour trouver une solution.
S’il est inacceptable qu’une institution européenne, ne bénéficiant pas de la légitimité démocratique, dicte sa loi à un gouvernement démocratiquement élu, il est parfaitement légitime qu’un créancier, banquier procédant à un "rachat " de crédit, fixe les conditions de réaménagement de la dette. Il est même d’un usage courant de constituer des garanties particulières. De mettre en place un privilège de premier rang. Celui‐ci consistant dans le fait d’obtenir du débiteur l’engagement de ne pas pouvoir rembourser d’autre créancier, avant d’avoir soldé sa dette en faveur du créancier privilégié.
Instituant une telle garantie, c’est une évidence et la pratique l’a montré, qu’aucun autre créancier n’acceptera de prêter au débiteur, si la créance du créancier privilégié absorbe une partie conséquente des ressources du débiteur. Ce qui serait manifestement la conséquence logique, en cas de rachat de créances de la Grèce, de l’Espagne ou de l’Italie par la BCE, à l’heure actuelle. Celle‐ci se trouverait ainsi en situation de seul prêteur possible, non par l’institution d’une règle supranationale, mais par la conséquence d’une situation de fait.