Pas question d'investir les deniers de l'Etat dans des entreprises en difficulté, des « mauvais business », dixit son directeur général. Nicolas Dufourq, passé par HEC et par les sommets de Capgemini, a présenté hier devant les parlementaires le plan d'action de la Banque publique d'investissement, ou Bpifrance, qu'il dirige : 12 milliards d'euros vont être injectés dans les quatre ans à venir au capital d'entreprises prometteuses. Exit les Petrolus ou les Florange en perdition, vive les « Essilor de 2030 », du nom de cette entreprise spécialisée dans les verres correcteurs qui fait désormais partie du CAC 40 mais surtout des leaders mondiaux dans son domaine. N'en déplaise à Ségolène Royal, numéro deux de la BPI, qui aimerait que cet argent aide aussi « les entreprises qui souffrent ».
La BPI, créée au mois de janvier, est la promesse numéro un sur 61 de la campagne de François Hollande. Voici comment, encore candidat, il la voyait : « À travers ses fonds régionaux, je favoriserai le développement des PME, le soutien aux filières d'avenir et la conversion écologique et énergétique de l'industrie. Je permettrai aux régions, pivots de l'animation économique, de prendre des participations dans les entreprises stratégiques pour le développement local et la compétitivité de la France. Une partie des financements sera orientée vers l'économie sociale et solidaire ».
Si l'Etat compte bien rester minoritaire dans les entreprises où il investit par ce biais, il pourra, de manière tout à fait exceptionnelle, contourner ce principe si une entreprise tricolore risque de passer sous pavillon étranger. « Si Danone est attaqué par Pepsi, on va aider Danone », a prévenu Nicolas Dufourcq.
La majorité de la somme annoncée sera destinée aux entreprises de taille intermédiaire (7 milliards d'euros), ensuite aux PME (1,7 milliard) puis au capital-risque (500 millions). Le reste alimentera des fonds privés.