Demain, l’euro à 1 dollar, l’emprunt d’argent quasi gratuit ?

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 5 septembre 2014 à 6h20

On n'y est pas encore, mais depuis le début de l'année, l'euro baisse à vitesse accélérée face au dollar grâce aux mesures engagées par la Banque Centrale Européenne. De plus de 1,40 en début d'année, le cours de l'euro est passé sous la barre des 1,30 jeudi 4 septembre, juste après les annonces de Mario Draghi, soit une baisse de près de 8 %.

Argent gratuit ? Oui, emprunter à la BCE, pour une banque commerciale, se fait désormais quasi sans frais. Le principal taux directeur de la BCE qui était déjà très bas, à 0,15 %, a été descendu hier à 0,05 %. C'est, il faut bien en prendre conscience, quasiment la dernière cartouche de la BCE côté manoeuvre de taux. Ne lui reste plus ensuite que l'autre arme massive d'une Banque Centrale, à savoir lancer les planches à billets pour faire comme l'on dit dans le jargon financier du "Quantitative easing". Or, c'est justement ce que Mario Draghi a promis pour les prochaines semaines en annonçant que la BCE achéterait des titres de créances privées, les fameux ABS, émis par les banques commerciales. Ces ABS, dans lesquels les banques logeront certaines créances clients, seront achetés par la BCE, qui "rendra" ainsi de l'argent aux banques : Elles pourront alors à nouveau le prêter, et recommencer le petit jeu de la titrisation de leurs dettes en logeant ces nouveaux prêts dans des ABS qui seront à leur tour rachetés par la BCE etc.


Dangereux ? Eh bien, oui. Toutes ces manoveures sont dites "non conventionnelles", et normalement, la BCE ne devrait pas le faire. Sauf que les autres banques centrales, américaines bien sûr, mais aussi japonaises ou anglaises, font beaucoup plus et bien pire depuis des années. Conséquence, c'est à une vraie guerre des devises que nous allons assister. L'enjeu, c'est de devenir la monnaie la plus attractive, pour attirer l'argent sur son territoire, et donc les investisseurs. L'euro peut-il atteindre la parité parfaite avec le dollar ? Certains analystes pensent cet objectif possible, à horizon deux ans.

Souhaitable ? Un euro "faible" face au dollar ou aux autres devises est une excellente nouvelle pour les exportations, rendant le prix de nos produits beaucoup plus attractifs sur les marchés mondiaux. Mais en revanche, les importations, et en particulier celles auxquelles il n'est pas possible de renoncer - comme les hydrocarbures - seront considérablement renchéries, puisque leur prix est libellé en dollars. La done changerait si demain il était possible d'acheter du gaz ou du pétrole directement en euros. Certains y travaillent...

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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