Ce n'est pas encore l'effet de la courbe de Laffer [NDLR : qui prédit qu'une hausse démesurée des impôts et taxes fait baisser leur rendement], et pourtant il y a déjà de quoi tirer la sonnette d'alarme. Depuis le début de l'année, les recettes de TVA, dont le budget 2013 prévoyait qu'elles augmenteraient de 8 milliards en 2013, sont au contraire en (léger) repli de -0,3 %. Sur l'année, ce sont 141,2 milliards de TVA qui étaient attendus par les prévisionnistes de Bercy, or, Gilles Carrez, le président (UMP) de la Commission des Finances craint que la TVA soit plutôt en baisse de 10 à 12 milliards sur l'année... soit 129 à 131 milliards d'euros de TVA seulement.
Problème : Alors que le budget 2013 était bâti pour atteindre le fameux déficit maximal de 3 % par rapport au PIB, le gouvernement a déja annoncé que l"on se dirigeait vers un déficit de 3,7 %, soit 15 milliards manquants à l'appel. Mais si l'on ajoute la TVA qui ne rentre pas, il va falloir encore trouver des milliards supplémentaires, et certainement pas en créant de nouveaux impôts ou en allourdissant certains, ni en taillant dans la redistribution, ce qui est aussi une forme d'impôt déguisé. Car là, l'effet de la courbe de Laffer serait inéluctable.
A ce sujet, les annonces prévues sur les allocations familiales et leur écrêtement pour les "familles les plus aisées" ont été repoussées sine die, affaire Cahuzac oblige.
D'autres impôts marquent déjà le pas, comme la TICPE, la taxe intérieure sur les produits énergétiques, en repli de... 18 % tout de même sur les deux premiers mois. Les Français ont moins roulé, et pour se chauffer, le plein de fuel avait souvent été fait à la fin de l'année dernière, et les consommateurs attendent jusqu'à la dernière minute pour faire un complément de plein, espérant que l'hiver s'achève enfin.
La grande inquiétude porte maintenant sur l'impôt sur les sociétés, alors que les défaillances d'entreprises sont reparties à la hausse et que les demandes d'échéanciers URSAAF mais aussi TVA battent leur plein en ce début d'année. Les entreprises jouant entre elles au mistigri (paye-moi et je te payerai après), leurs trésoreries étant à sec, et les délais de paiement inter-entreprises s'allongeant dramatiquement, demandent à tour de bras l'étallement de leurs charges sociales et même du paiement de la TVA collectée.
Mais l'indice révélateur d'une probable jacquerie fiscale latente, y compris subie et non volontaire, sera l'indicateur de paiement du premier tiers provisionnel de l'impôt sur le revenu. La date limite était fixée au 15 février, mais Bercy n'a pas encore indiqué si les sous étaient bien rentrés. Le deuxième tiers provisionnel sera à payer pour le 15 mai : On craint au Ministère de l'Economie et des Finances un effet Cahuzac non négligeable....