L'EURUSD s'échange proche de points bas qui n'ont pas été atteints depuis une décennie depuis la cassure de la borne psychologique des 1,20. Ce n'est très certainement que le point de départ d'une dépréciation plus importante et prolongée de l'euro vers les 1,15 une fois le support des 1,1640 franchi.
Les deux éléments qui expliquent la récente dégringolade de l'EURUSD sont le retour sur le devant de la scène européenne de la crise souveraine et surtout les anticipations des investisseurs à propos du lancement d'un programme d'assouplissement quantitatif de la BCE afin d'éviter un scénario déflationniste à la japonaise.
Une fois encore, la BCE n'a pas d'autre choix que prendre les choses en main pour rassurer les investisseurs. Les rachats de dette souveraine ne sont probablement pas la meilleure solution pour consolider la croissance et étoffer l'inflation mais c'est la seule option encore sur la table.
La BCE devrait dévoiler son programme dès le 22 janvier prochain. Au cours des dernières semaines, la pression s'est considérablement accentuée sur la banque centrale après la publication de données confirmant le risque croissant de déflation en zone euro. Pour la première fois depuis 2009, l'IPC pour le mois de décembre est ressorti en territoire négatif, essentiellement sous l'effet du plongeon de près de 30% du prix du baril de pétrole depuis la dernière réunion de l'OPEP datant de fin novembre 2014.
La question n'est pas de savoir si un QE va survenir mais plutôt quelle sera la taille exacte du programme et quels seront les actifs concernés. Il parait évident que les obligations grecques et chypriotes seront exclues mais est-ce que les 500 milliards d'euros évoqués par la BCE seront suffisants pour rendre ce QE crédible? On peut en douter. Il subsiste une multitude de points d'interrogation.
La politique monétaire joue avec le feu. Nous ne sommes pas en mesure encore de connaître les effets à long terme des mesures accommodantes. Cependant, il parait certain qu'un QE ne sera pas en mesure de restaurer la compétitivité perdue de la zone euro et d'apporter une solution durable au problème de la dette publique.
Le panorama économique n'est pas pour autant complètement déprimant. Beaucoup de pays européens pourraient bénéficier d'une baisse de l'euro en améliorant la compétitivité-prix. Mais ce ne sera pas suffisant. L'Union ne peut pas gagner la guerre des devises dans laquelle elle est engagée face au Japon, aux Etats-Unis et à une myriade de pays émergents. C'est une bataille sans fin. Pour surmonter la crise, la zone euro doit s'attaquer aux problématiques en suspens concernant la productivité-produit, les transferts de richesse des pays riches au pays de la périphérie et le dossier de l'union fiscale.
Il va apparaitre très rapidement que les attentes au sujet de l'impact macroéconomique d'un QE sont bien trop optimistes et que la politique monétaire ne peut pas se substituer encore longtemps à l'action des gouvernements. Des performances économiques encore médiocres et le risque de sortie de la Grèce de l'Union pourraient entraîner une perte de confiance des investisseurs dans l'euro. Vendre l'euro/dollar a été ces derniers mois un trade très rentable et populaire. Une dépréciation encore plus notable est certainement à venir au cours des prochains mois au fur à mesure qu'il deviendra évident que la zone euro n'est pas prête de renouer avec une croissance stable et créatrice d'emplois.