Faut-il supprimer le baccalauréat ?

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Par Cecile Reveret Publié le 22 juin 2012 à 3h00

Le baccalauréat est malade. Naguère on disait : « Passe ton bac d’abord ! » Aujourd’hui, on dit : « Passe ton bac. Si tu le rates, c’est une catastrophe ; si tu le réussis, ça ne te sert à rien. » Tout le paradoxe est là : il ne convient pas, mais on y tient.


Les dérives qu’il a subies depuis plusieurs années l’ont fragilisé. Cet examen est accordé à tout le monde ou presque au point que seuls les bacs avec mention sont bien considérés alors même que les correcteurs s’arrachent les cheveux devant le niveau eff rayant de la plupart des copies. Il ne sert pas de sésame puisque les élèves doivent passer des examens ou des concours d'entrée dans de nombreux établissements. Quant aux classes prépas, ce sont les dossiers des élèves qui leur en assurent l'accès. - Certes, il est un laissez-passer pour l'université mais cette porte ouverte est souvent un piège puisque l'examen se fait à la sortie ... Et le coup de grâce est venu par la pratique étendue de fraudes!

Quel statut lui reste-t-il ? Un statut de "certificat" d'études passées. Un symbole républicain. Un garant d'égalité, sinon d'équité. Un moyen de contraindre les élèves à travailler sérieusement pendant quelques mois ... Est-ce suffisant pour conserver cette énorme machine à gaz dont tout le monde doute ?

Car ce chiffon de papier coûte très cher. Entre 90 et 100 millions d’euros par an. En cette période d’économies
nécessaires, il n’est pas illégitime d’envisager de le réformer.

On a pensé réduire l’examen à 4 épreuves écrites, ajouté au contrôle continu. Limiter le nombre de langues susceptibles d’être choisies par les candidats (aujourd’hui, il y en a 57 ! ).

Remplacer le rattrapage oral, qui coûte très cher, par la consultation du dossier de l’élève. Accorder moins
d’importance aux options facultatives… Ces propositions de réformes – parmi d’autres - ont été avancées par Luc Chatel en mars 2012. Elles ont provoqué un tollé. Elles sont de bon sens puisqu’elles permettraient un moindre coût et préserveraient le caractère solennel et équitable d’une épreuve commune à tous les candidats. Vincent Peillon a parlé d’un projet assez proche. Présenté sous ce nouveau label, peut-être rencontrera-t-il l’adhésion ?

Quelle que soit la solution adoptée, il est une réforme que nous sommes nombreux à appeler de nos voeux, une réforme qui, bien en amont du baccalauréat, par des programmes plus exigeants, par des méthodes plus efficaces, donnerait aux élèves un niveau tel qu’ils obtiendraient un bac digne de ce nom.

La sagesse du professeur de français, Cécile Revéret. Editeur: Jean-Claude Béhar Editions, Paris

www.mollat.com/livres/cecile-reveret-sagesse-professeur-francais


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professeur de Lettres Classiques, écrivain