Les trois axiomes de l’exactitude en science économique

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Par Dominique Michaut Publié le 28 mars 2018 à 5h01
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Comme la vie est soumise à des lois naturelles autorisant l’élaboration de sciences exactes, les pratiques économiques se prêtent à l’articulation d’une science exacte par l’application de trois axiomes.

N’excluons surtout pas pour cette science que son exactitude réduise son champ. Au regard de sa possibilité que les trois axiomes ci-dessous rendent plausible, une considération pragmatique s’impose : là où l’économique strictement défini est trop court par rapport à ce qu’il importe le plus de connaître de façon sûre s’ouvre la recherche de certitudes par des investigations pluridisciplinaires. Mais ces dernières n’évitent des erreurs initiales qu’en partant le plus possible de sciences exactes, dont celles qu’exploitent les ingénieurs attelés à la viabilisation d’innovations.

Axiome 1 – La pensée économique doit utiliser des définitions recevables en mathématique des ensembles finis. C’est l‘une de ces vérités premières au moyen desquelles une conception rationnelle devient articulable tout en s’assurant de la conformité aux fait élémentaires au fur et à mesure de l’avancement du montage. Si l’habitude s’est prise de parler plus volontiers des mathématiques que la mathématique, c’est parce que cette dernière comporte plusieurs branches dont un bachelier connaît au moins l’existence de celles qui l’ont de prime abord le plus séduit ou rebuté : l’arithmétique, la géométrie, l’algèbre, l’analyse, la théorie des ensembles. L’économiste qui se pense accompli, ou même seulement un peu plus compétent que les profanes en matière de politique économique parce qu’il a été formé à une approche hautement mathématisée de sa discipline se raconte une histoire logiquement abracadabrante dans le cas suivant : en surplomb de cette approche il ne lui a pas été répété que la pensée économique doit utiliser des définitions recevables en mathématique des ensembles finis. Cette condition n’est pas suffisante pour que le socle d’une telle pensée soit assurément scientifique, mais c’est indispensable.

Axiome 2L’économie définie existe, bien que la famille soit l’un des lieux où se colportent en premier les affects dont sont historiquement chargés les mots les plus courants du vocabulaire économique. Surtout conforté par des propos et comportements des enseignants du primaire puis du secondaire, le sentiment dominant transmis par l’adjectif « marchand » et son satellite « commercial » constitue encore souvent un obstacle à son emploi placide en analyse économique. Cet emploi se révèle pourtant indispensable pour prendre acte du fait que constituent un sous-ensemble fini des échanges sociaux ceux de services et de biens en contrepartie ou bien d’une quantité de monnaie exprimant leur valeur justement dite d’échange (pour distinction d’avec leur valeur d’usage) ou bien d’une autre marchandise dans le cas d’un troc (lequel n’exclut jamais une évaluation monétaire). Ces derniers échanges ne tendent à envahir toute la vie sociale que si leur théorie passe outre à cette finitude en prenant le risque d’ouvrir la boîte de Pandore de la marchandisation de tout et n’importe quoi. Nous poussons à cette désastreuse imprudence lorsque nous considérons que tout ce qui a une valeur d’usage, ou utilité, possède potentiellement une valeur d’échange marchand. Nous y poussons encore plus en postulant l’existence d’un unique déterminant principal à n’importe quelle valeur d’échange marchand, comme en croyant la suprématie de rapports de force inhérente aux échanges marchands. Le moyen de contrarier ces propensions n’en reste pas moins à la portée de ceux qui veulent en user : l’économie définie, au sens de ce qu’est une définition satisfaisant le premier axiome.

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Dominique Michaut a été directeur des études du Centre consulaire de formation de Metz puis conseiller de gestion, principalement auprès d’entreprises. Depuis 2014, il administre le site L’économie demain, dédié à la publication d’un précis d’économie objective (préface de Jacques Bichot).

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