Les économistes se sont aussi intéressés au cas de la France. Car dans cette Europe plus solidaire qui se construit, il serait tout de même dangereux de rester à la traîne du peloton. Et la France doit rattraper son retard avec son voisin d'outre-Rhin. Pour combler le déficit commercial, stopper la désindustrialisation, relancer l'investissement et... lutter contre le chômage : le nerf de la guerre sera la compétitivité des entreprises. La déclaration reprend l'idée d'un « choc d'offre », déjà utilisé par l'Institut de l'Entreprise, dans un rapport publié en janvier dernier (« Pour un choc de compétitivité en France »). Avec un soutien accru de l'État aux entreprises exportatrices, des règles et une fiscalité plus favorables aux investissements et à l'innovation.
Si cette voix porte, plusieurs idées pourraient revenir dans le débat. La TVA sociale, repoussée par François Hollande, durant la campagne, est suggérée par l'Institut de l'Entreprise ou encore la Fondation Concorde. Tous, sous différentes formes plaident pour un transfert des recettes des prélèvements sociaux vers l'impôt. Il s'agit d'alléger les charges qui pèsent sur les marges des entreprises, et donc leur compétitivité, en particulier dans les secteurs exposés à la concurrence internationale. Il s'agit aussi d'asseoir le financement de la protection sociale sur une base beaucoup plus large que le travail : la consommation. Cette idée n'est pas cantonnée au think tanks réputés libéraux.
Terra Nova, proche du PS, recommande aussi un tel transfert, dans une note parue le 1er juillet (« Investir dans l'avenir : une politique globale de compétitivité pour la France »). Et le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, présent à Aix, n'a pas fermé la porte.
Moins évoqué ces derniers mois, l'assouplissement du cadre juridique du Contrat à durée indéterminé (CDI), est mentionné dans les recommandations de la déclaration finale, qui y voit un moyen incontournable pour favoriser l'insertion des jeunes. Il s'agirait là d'assouplir les périodes d'essai et les procédures de rupture du contrat de travail. Cette démarche serait accompagné de la généralisation du CDI, au détriment du contrat à durée déterminée. L'institut Montaigne, dans son « Vademecum 2012-2017 - Objectif Croissance », publié en mars dernier développe déjà cette idée. Elle n'est pas, là non plus, étrangère au souci de réduire l'incertitude juridique lié au contrat de travail, frein à l'investissement et à l'embauche.
Les obstacles politiques à de telles réformes semblent encore infranchissables, tant celles-ci ont été éludées durant la campagne présidentielle. Le contraste avec le consensus qu'elles suscitent, parmi un grand nombre d'économistes, est saisissant. Mais à défaut d'être bientôt au menu législatif de nos nouveaux députés, elles pourraient bientôt faire une entrée fracassante dans le débat public.