C’est avec cet avertissement que 60 Millions de consommateurs veut prévenir, mais un peu tard, ses adhérents. L’automédication serait dangereuse pour la santé et les risques liés à ces prises de médicaments sans contrôle seraient nombreux.
C’est assez cocasse de lire ce genre de reportage choc alors que, dès la mise en place par Marisol Touraine, des médicaments en vente libre nous avions informé sur ces risques. A cette époque tous ceux qui voulaient montrer que l’auto médication était risquée, qu’aucun médicament n’était anodin et que tous les principes actifs sans exception possèdaient leurs effets néfastes, étaient pointé du doigt.
Les médecins pour commencer qui avaient averti que la prise de médicaments sans contrôle médical ni diagnostic était une erreur. Le conseil National de l’ordre à cette époque n’avait eu qu’une réaction « du bout des lèvres » comme s’il ne fallait pas déplaire au pouvoir, idem pour les syndicats de médecins. Résultat les médias dans leur bel ensemble avaient critiqué les médecins, empêcheurs de soigner en rond et surtout, disaient ils, « près de leur chiffre d’affaires »
Les pharmaciens ensuite dont le rôle serait théoriquement le contrôle de la délivrance des produits pharmaceutiques, se sont montrés plus que coopératif avec cette mesure. A cette époque j’avais été vilipendé (et même plus) sur les réseaux sociaux pour avoir osé dire que leur chiffre d’affaire était plus important que la santé des patients. L’information d’aujourd’hui aurait tendance à me donner raison.
Enfin les patients à qui on a fait miroiter que l’auto médication était sans danger, qu’ils étaient capables de se soigner eux mêmes, et que sans consultation médicale ils étaient les vecteurs de ces nécessaires économies de santé. Tout le problème est là, le ministère de la santé à cette époque (comme toujours depuis 1995) n’était obsédé que par les économies et pas par la santé.
Juppé avait inventé la retraite anticipée des médecins pour en diminuer les nombres avec l’équation fatale : moins de médecins égal moins de dépenses. Ceux qui ont suivi ensuite ont tous continué dans cette voie irresponsable, pour en arriver à conseiller aux patients de se soigner eux-mêmes pour « faire des économies ».
Outre les effets secondaires de certaines substances, les risques liés aux surdosages, aux contre-indications ou aux effets croisés de médicaments entre eux, l’état a vraiment pris les patients pour des gogos. En effet l’industrie pharmaceutique a sauté sur l’occasion pour faire de gros bénéfices sans risque de voir la sécurité sociale se fâcher. Des substances présentées comme nouvelles, qui ne sont que les copies de médicaments existant « mais remboursés », aucun investissement de recherche, une véritable rente. Tous ces médicaments en vente libre, pour lesquels les laboratoires font de la publicité à la télévision pour faire consommer encore plus, sont beaucoup plus chers que les médicaments identiques remboursés. (Et là pas de génériques)
C’est là que l’arnaque prend tout son sens, comme si l’état et les laboratoires la main dans la main vous disaient : Soignez vous tout seuls nos bénéfices ne feront que grandir.
Le public a marché dans la combine, quand certains patients rechignent à payer 25 euros (remboursés) chez un médecin généraliste, ils trouvent tout a fait normal que d’aller dans une pharmacie dépenser quelquefois plus de 100 euros (non remboursés) pour se soigner eux même. Cherchez l’erreur !
Le résultat de cette politique qui n’est pas de santé mais de financement des assurances est le suivant. Des patients prenant des médicaments sans aucune surveillance médicale, des troubles liés à ces prises de traitements nécessitant quelquefois une prise en charge médicale qui elle coûte beaucoup plus cher, ou bien des prises de substance sans aucun effet avec des pathologies qui continuent à se développer. Sans oublier que cette politique d’argent et non de santé publique a généré les déserts médicaux dont tout le monde parle aujourd’hui et qui ne font que se multiplier depuis 2012.
Enfin il n’est pas inutile de rappeler ce qui disait le corps médical au moment la mise en place de la vente en libre service de ces médicaments sans aucune surveillance : « L’auto médication sans diagnostic peut être a l’origine de pathologies graves non détectées, masquées par des symptômes faisant croire a quelque chose de bénin. »