Elle est venue chercher son prix Nobel de la paix… 21 ans après qu’il lui ait été décerné. Aung San Suu Kyi, la célèbre dissidente birmane, a enfin retrouvé la liberté de voyager. Le 14 juin, deux jours avant de recevoir son prestigieux prix à Oslo, elle était invitée au siège genevois de l’ONU, pour la Conférence internationale du travail. L'occasion pour la « Dame de Rangoun » de formuler « une demande pressante » aux entreprises étrangères.
Pour la présidente de la Ligue nationale pour la démocratie, qui a passé vingt-deux ans en résidence surveillée, il est urgent de lever les sanctions et d'encourager les investissements étrangers en Birmanie. « Ce que je veux pour mon pays, c’est une croissance et un développement qui soient respectueux de la démocratie », a-t-elle déclaré. « Je voudrais plaider en faveur d’une aide qui renforcera le processus démocratique en générant des progrès économiques et sociaux qui favoriseront les réformes politiques. »
Afin de rassurer les investisseurs, Aung San Suu Kyi est revenue sur l'action du président Thein Sein, engagé dans un processus de réformes politiques sans précédent. Les investissements dans l’agrobusiness, le tourisme, les infrastructures et les services financiers sont bienvenus, a expliqué l'icône birmane. Elle reste néanmoins méfiante à l’égard des industries d’extraction, notamment la Myanmar Oil and Gas Enterprise. Aung San Suu Kyi a appelé les entreprises qui commercent avec cette société à exiger de ses dirigeants qu'ils respectent les codes de conduite définis par le Fonds monétaire international. « Aujourd’hui, Total est sensible aux questions des droits de l’homme et de l’environnement. Je n’appelle pas à son retrait du pays, pas plus qu’à celui de Chevron », a-t-elle déclaré.
Pour Aung San Suu Kyi, la présence en Birmanie d'investisseurs étrangers est d'autant plus importante que ce n'est que pour échapper à la tutelle grandissante de la Chine que la junte, au pouvoir depuis 1988, a accepté de se convertir à la démocratie. Seule la démonstration de gains économiques rapides, fruits de la transition démocratique, pourrait inciter les militaires à poursuivre dans cette voie.
Par Anaïs Leleux
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