Mes premières pensées se dirigent vers les victimes et leurs familles. Ensuite, vers l'acte des agresseurs, qui est inacceptable. Puis enfin, vers le symbole qui a été attaqué: la liberté de pensée, de conscience et de religion (Article 18 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme) mais aussi d'opinion et d'expression (article 19 de la même déclaration).
Et je déplore avec la plus grande fermeté cet attentat, avec la plus grande tristesse ses victimes, et avec la plus grande indignation la violation des principes de libertés contenus dans la déclaration précitée.
Dans une société démocratique et apaisée, chacun doit être libre de pouvoir s'exprimer, à condition de respecter la dignité de l'autre. Cette idée vaut aussi bien à l'égard des médias, des artistes et autres faiseurs d'opinions que des religions et de l'Etat. Dans les trois cas, leur responsabilité est éminement impérieuse.
Il n'est pas faux de dire qu'une certaine presse et plusieurs artiste blessent des millions de personnes, notamment à l'occasion de dessins parus dans ce journal satirique, le 19 septembre 2012, caricaturants Mahomet ou sur le site internet de Plantu, le 22 mars 2010, montrant le Pape Benoit XVI sodomisant un enfant. Il est à retenir que le tribunal, saisie par l'association de défense, a condamné cette dernière à rembourser les frais de procédure du dessinateur la somme de 2000 euros, en raison du fait que, "s'il a "légitimement pu choquer certaines personnes et singulièrement des fidèles en raison de l'atteinte portée à la dignité de la figure du pape", ce dessin "n'avait ni pour objet ni pour but de stigmatiser la communauté des catholiques ou même l'ensemble du clergé".
On peut comprendre la stupéfaction de cette décision et l'indignation d'une certaine partie de la population. Il y a, ici, une dérive "libertaire" qui menace directement la démocratie.
Si le débat est constructif à la démocratie, même indispensable, car il contribue à éclairer l'ensemble des éléments d'un même sujet. il ne faut pas qu'il s'accompagne de violence, car alors, il blesse certains, enorgueillis d'autres et force à l'indifférence ceux qui ne partagent pas l'une ou l'autre des positions ; ce qui contribue à diviser et monter les citoyens les uns contre les autres.
Ces faiseurs d'opinions ne construisent pas les conditions du débat démocratique apaisé. Au contraire, ils déconstruisent le vivre ensemble, en attisant les sentiments.
Il est vrai de dire que certaines religions ne partagent pas les mêmes valeurs de l'Homme que celles de l'Occident. Ainsi, selon le livre noir de la condition des chrétiens dans le monde, la plus part des pays ou sont persécutés les 150 à 200 millions de chrétiens sont de confessions musulmanes. L'islam n'apporte pas à l'homme une dimension universelle. Les droits qu'elle lui accorde sont, avant tout, destinés aux musulmans. Par exemple, dans ces pays, les citoyens non musulmans, "les dhimmis", y sont enfermés dans un régime juridique restreint et doivent acquitter "la jizya" (Coran 9:29), un impôt symbolisant l'assujettissement à l'islam ; ce qui est naturellement contraire aux principes des droits de l'Homme rappelés ci-dessus. D'ailleurs, la plus part de ces pays n'appliquent pas cette convention.
Dès lors, il faut que l'islam, par l'intermédiaire de ses porte paroles, exprime clairement sa position à l'égard du vivre ensemble occidental exprimé dans les droits de l'Homme, notamment au regard des sourates du Coran qui y semblent incompatibles. Cela, dans un esprit de vérité et d'unité aux valeurs de leur pays d'accueil.
Enfin, il faut dire que l'Etat, les puissances publiques et les politiques doivent prendre conscience des deux réalités ci-dessus, afin de pouvoir offrir une alternative et une perspective à leurs citoyens. Le diktat du laissé-faire, pendant des années, et aujourd'hui, la proposition du néant, à travers un principe de laïcité fondé sur le vide, ne peuvent apporter une réponse adaptée. Surtout, lorsque l'on sait que la nature à horreur du vide !
Il faut que la France ait le courage de renouer avec son histoire, sa culture et ses valeurs, non pas avec une partie seulement, mais avec l'ensemble de ce qui l'a compose, hier et aujourd'hui. Il faut que la France se détourne des alliances internationales contre-natures et mercantiles, pour retrouver ses amis historiques, ceux qui sont situés sur notre continent et ailleurs, et qui partagent une vision commune de l'Homme.
Par leur courage, il faut que les hommes politiques reconquièrent l'espace de liberté, qui leur a été, en partie, confisqué par les corps intermédiaires non démocratiques: médias, groupes d'influences et de pressions... A cet égard, ceux-ci ne doivent-ils pas justement faire l'objet d'un encadrement plus officiel, à l'image des trois pouvoirs institutionnellement reconnus: l'exécutif, le législatif et la justice ?
En somme, c'est la libération de la liberté, et son affirmation sans concession, qui doit à présent guider l'action publique. Celle-ci s'inscrit nécessairement dans la bienveillance à l'égard de tout être humain et la recherche de la justice.