Le nouveau spectacle de l’Atelier des lumières tombe dans la facilité

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Par Philippe Herlin Publié le 2 mars 2020 à 6h06
Renoir Herlin
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44,5 MILLIARDS €La culture pèse 44,5 milliards d'euros en France.

L’institution connaît une fréquentation importante, que faut-il penser de son nouveau spectacle de l’année 2020 ?

L’Atelier des lumières est un incontestable succès, l’ancienne fonderie du 11e arrondissement a su trouver sa place dans le paysage culturel parisien et près de 1,4 million de visiteurs sont venus en 2019. Mais comme s’il fallait absolument éviter toute baisse de fréquentation, on doit déplorer une course à la facilité et au grand public qui commence sérieusement à dégrader l’intérêt artistique du projet.

Après un spectacle d’ouverture consacré à Klimt en 2018, puis à Van Gogh en 2019, voici la nouvelle manifestation pour 2020, intitulée «Monet, Renoir… Chagall, Voyages en Méditerranée» (40 minutes). Après deux projets centrés sur un artiste, on a l’impression cette fois qu’il fallait cocher plusieurs cases (impressionnisme, Chagall, Méditerranée) pour être certain de plaire à tout le monde. Pourtant chacun de ces trois thèmes suffirait à attirer le public, selon nous. On commence même par un peintre du XVIIe siècle, Joseph Vernet (!), puis viennent ensuite les impressionnistes… avec plusieurs vues de Paris et d’Auvers-sur-Oise et, enfin, ces artistes sur la Côte d’azur, qui offrent effectivement un superbe ensemble. Mais apparaît ensuite Chagall, comme un cheveu sur la soupe tant sa peinture s’avère en rupture avec ce qui précédait (les ciels méditerranéens, avec leur perspective et leur lumière, disparaissent, tout est projeté sur la surface du tableau comme dans la peinture moderne).

Et en plus, la bande-son se complait dans la facilité et la banalité : après un programme 100% musique classique pour Klimt (dont les choix étaient d’ailleurs contestables), le jazz avait fait une timide apparition pour Van Gogh (quel rapport ?), il devient cette fois envahissant (quel rapport, encore une fois ?). On note seulement une courte pièce de Debussy alors qu’il constitue la «B.O.» idéale pour les impressionnistes (même pas La Mer, c’était pourtant facile !). Quel intérêt de balancer le tube Summertime ? Ah oui, il faut faire «grand public».

Ceci dit, on reste toujours bluffé par la performance technique (140 vidéoprojecteurs), par le lieu (1500 m2), il se dégage à chaque fois un «effet wahou», une expérience proprement physique de la peinture qui, soyons-en sûr, continuera de fasciner le public

Plus cohérent, le deuxième spectacle, consacré à Yves Klein (L’infini bleu, 10 minutes), emporte l’adhésion, même si la stridence sonore, au début (Monochromie de Pierre Henry) peut gêner. Plus expérimentaux mais très convaincants, Journey (4 minutes) et Moment (15 minutes, dans le Studio) sont également à voir.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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