Etats-Unis : la Fed hésite à continuer d’acheter des bons du Trésor américain

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Par Laure De Charette Modifié le 13 décembre 2022 à 20h41

L'information a fuité... En janvier se sont à nouveau réunis les grands pontes de la politique monétaire aux Etats-Unis. Comme par hasard, leurs conversations ont été rendues publiques. Et que disent ces gentlemen de la finance, membres de la Banque centrale américaine (la Fed), à huit clos ? Qu'ils commencent à songer sérieusement à limiter voire même à stopper l'achat de bons du Trésor. En clair, qu'ils réfléchissent à arrêter de faire tourner la planche à billets, une méthode destinée à créer de la monnaie, des milliards de dollars !- pour racheter la dette des Etats-Unis et faire baisser les taux d'intérêts à long terme, et ainsi soutenir –artificiellement- l'économie américaine et relancer la croissance. Wall Street, et dans la foulée toutes les bourses du monde, ont accusé le coup hier...

En somme, certains de ces messieurs, pas tous, n'ont plus l'air très convaincu de « l'efficacité, des coûts et des risques du programme d'achats d'actifs ». Un sacré revirement : en décembre, la Réserve fédérale américaine doublait ses achats mensuels de bons du Trésor, de 40 à 85 milliards de dollars nets. Cette suggestion d'un changement drastique de stratégie ne fait tout de même pas l'unanimité au sein de la Fed : certains continuent de penser qu'il faut continuer à acheter à tour de bras des actifs, tant que le chômage, actuellement de 7,7%, en légère baisse, reste élevé.

Si la planche à billets cessait de tourner à mille à l'heure comme elle le fait depuis 2008, c'est-à-dire si les Etats-Unis limitaient la quantité de billets verts qu'ils produisent, le dollar se retrouverait mécaniquement renforcé et son cours remonterait par rapport aux autres monnaies. Cette perspective serait un nouvelle épisode dans la guerre des monnaies qui cette fois serait en faveur de l'euro, dont le gouvernement français ne cesse de dénoncer le niveau trop élevé. Celui-ci se déprécierait, sans que la BCE n'ait rien à faire.

Ces derniers temps, cette technique du « quantitative easing » (« QE ») fait de moins en moins d'adeptes. Certains l'ont rebaptisée l'« helicopter money » : un largage de dollars depuis un hélicoptère, susceptible de créer de l'inflation... Or comme le disait l'ancien patron de la Bundesbank, l'inflation, c'est comme la pâte dentifrice : une fois qu'elle est sortie du tube, il est impossible de l'y faire rentrer !

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.