Les chiffres sont catastrophiques pour Areva. Le groupe a annoncé une perte provisoire de 4,9 milliards d’euros, un record qui pourrait provoquer une casse sociale de grande ampleur.
Si les comptes pour l’année 2014 seront connus le 4 mars, Areva a décidé d’en dévoiler une partie ce lundi 23 février, afin de couper court aux rumeurs. Cette perte de 4,9 milliards est inédite : elle est supérieure aux 4 milliards de fonds propres de l’entreprise, elle est plus élevée que la dette de la société (4,7 milliards), tandis qu’elle compte pour 60% (!) de son chiffre d’affaires annuel attendu (8,34 milliards).
Catastrophe annoncée
Ces très mauvais résultats sont le fruit de dépréciation d’actifs dus notamment à des retards en pagaille sur plusieurs gros chantiers, comme l’EPR finlandais d'Olkiluoto, ou le réacteur de recherche de Cadarache. Areva souffre aussi d’une perte opérationnelle massive de 1,3 milliard d’euros. Pire encore : il n’est pas impossible que le groupe rajoute de nouvelles pertes sur des projets en cours.
Du retard dans les projets
Autant dire que le « plan de compétitivité » qui sera annoncé le 4 mars est attendu au tournant. Il devra solder le passif en appliquant une potion amère — à cet égard, des licenciements ne sont pas à exclure étant donné l’ampleur des pertes. Un gros effort sur les frais de fonctionnement sera également demandé, tout comme des pertes d’émoluments pour les membres du conseil d’administration afin de donner l’exemple.
Le départ d’Anne Lauvergeon, remplacée par feu Luc Oursel, a marqué le début d’une période difficile pour Areva, avec déjà en 2011, une perte très importante de 2,4 milliards d’euros. À force d’accumuler les retards et les différends avec ses clients, l’entreprise file un bien mauvais coton.