Areva passe sur le billard, EDF récupère les réacteurs nucléaires

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 4 juin 2015 à 7h10
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28,83%L'Etat contrôle 28,83% d'Areva.

Areva ne va pas bien, vraiment pas bien... il aura fallu opérer. Une opération qui va complètement chambouler le fonctionnement du fleuron du nucléaire français avec, notamment, l'entrée d'EDF dans la partie. Il faut dire que 4,8 milliards d'euros de perte en 2014 était une hémorragie difficile à combler sans intervention externe. Et comme EDF a toujours clamé être intéressé par la branche réacteurs d'Areva, l'Etat a trouvé son palliatif...

EDF prend le contrôle des réacteurs

Si EDF est prête à sortir de sa poche 2 milliards d'euros pour sauver Areva, ce n'est pas pour rien : les réacteurs nucléaires ça l'intéresse. Les avoir sous la main peut permettre à l'énergéticien de mieux gérer la question des centrales, notamment de leur construction et de leur mise hors service. Et puis ça réduira peut-être un peu ses coûts.

Du coup l'Elysée, qui détient 84,49% d'EDF et 28,83% d'Areva, a trouvé une solution toute faite pour sauver le deuxième : faire entrer le premier au capital. Ce mercredi 3 juin 2015, après maintes discussions, un accord aurait été trouvé. "EDF a vocation à devenir actionnaire majoritaire de la filiale commune Areva NP" a déclaré l'Elysée dans un communiqué.

Areva reste actionnaire stratégique

Pas question pour autant qu'Areva soit écartée des activités des réacteurs nucléaires et affines : elle devrait en garder une part substantielle, a minima "stratégique" selon l'Elysée. Peut-être 25% comme l'estime un bruit de couloir non confirmé.

Reste maintenant à savoir ce que fera EDF des dossiers Areva en cours, notamment ceux qui posent problème. Les réacteurs en construction en Finlande (Olkiluoto) et en France (Flamanville) ont des problèmes. Des problèmes graves selon l'ASN (Autorité de Sécurité Nucléaire) qui pourraient mettre les projets à mal... complètement.

Mais 2 milliards d'euros risquent de ne pas suffire pour sauver complètement Areva... surtout si certains projets sont abandonnés à la suite de cette fusion ou de problèmes majeurs. L'Etat a donc prévu une recapitalisation du groupe, sans plus de précision.

Une pression pour augmenter les prix de l'électricité ?

Il reste une question en suspens : le prix de l'électricité. Un tel investissement de la part d'EDF, qui a, qui plus est, une visée stratégique et industrielle, va lui coûter cher. EDF pourrait alors faire jouer ça en sa faveur.

Notamment pour augmenter les tarifs de l'électricité : Jean-Bernard Lévy, patron du groupe, a déjà demandé à plusieurs reprises une augmentation de 2,5% par an des tarifs réglementés pendant les trois prochaines années. L'argument "EDF a sauvé Areva" pourrait donc être un atout et faire plier l'Etat qui fixe les tarifs...

Et naturellement ce seraient les clients, soit les Français, qui y perdraient.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio