Alors qu’il est temps de commencer à prévoir ses vacances d’été, évoquons deux festivals lyriques, un en Italie et un en France, qui pourraient agrémenter les séjours de tout à chacun, et voyons lequel est le plus accessible.
Le Festival des arènes de Vérone, cinq opéras en alternance
Située dans le nord-est de l'Italie, une escale à Vérone peut agréablement compléter un séjour à Venise ou dans la région des Grands lacs. Le Festival des arènes de Vérone, s’étend du 21 juin au 7 septembre et propose cinq opéras en alternance (La Traviata, Aïda, Il Trovatore, Carmen et Tosca) pour un total de 47 représentations. C’est l’un des plus anciens d’Europe, la première saison date de 1913, l’année du centenaire de la naissance de Giuseppe Verdi, à l’occasion de laquelle on donna Aïda (repris cette été dans la mise en scène de l’époque). La taille imposante des arènes (plus de 10.000 places) ne doit pas susciter de craintes chez le mélomane, l'acoustique y est excellente, il n'y a pas besoin de micros pour amplifier les voix. Autre avantage, la présence de surtitres, en italien et en anglais, qui permettent à chacun de se repérer dans les œuvres.
Le Festival de Vérone est le plus important d’Europe par le nombre de spectateurs : 370.000 en 2016, devant Salzbourg (260.000), Glyndebourne (90.000), Savonlinna (71.000), Bayreuth (58.000), Aix-en-Provence (40.000), Orange (37.000). Cela s’explique par la jauge importante des arènes, le nombre élevé de représentations, et une politique tarifaire très accessible puisqu’à côté des sièges vendus de l’ordre de 60 à 200 euros, des milliers de places non numérotées et situées dans la seconde moitié des gradins sont proposées à 26 euros seulement (prévoir un coussin!). De quoi rendre l’opéra accessible à tous, ce qui est une excellente chose.
Les Chorégies d'Orange, des distributions plus reconnues internationalement
Les Chorégies d’Orange font un choix différent, car si la jauge s’avère également importante (plus de 8.000 places), et que les spectacles sont aussi surtitrés, le nombre de représentations d’opéras n’est que de trois (une pour Guillaume Tell et deux pour Don Giovanni), avec des prix plus élevés pour les places les moins chères (40 euros), et globalement une tarification plus sélective (95, 140, 195, 275 euros), celle de Vérone étant plus progressive (68, 91, 114, 132, 175, 208 euros). Les Chorégies proposent des distributions plus reconnues internationalement, mais Vérone se défend bien avec des plateaux vocaux de très bon niveau, et avec parfois des vedettes internationales (Anna Netrebko dans Le Trouvère cette année).
Clairement, Vérone joue la carte de l’opéra populaire, et ça marche, quand Orange reste sur un modèle plus élitiste et plus fragile (tout se joue sur le remplissage de trois soirées). On aurait envie que les Chorégies basculent vers un modèle plus populaire, avec un nombre de représentations plus élevé et des tarifs, notamment les premiers prix, plus accessibles. Sa situation financière difficile lui permet-elle cette prise de risque ? Le public provençal est-il aussi lyricomane que les Italiens ? C’est difficile à dire. Quoi qu’il en soit, si vous passez à proximité de l’une de ces deux villes, n’hésitez pas à faire un détour, voici deux festivals lyriques de haut niveau dans des cadres tout à fait remarquables.