La sortie du confinement va provoquer de sérieuses secousses dans plusieurs secteurs d'activité, à l'image de ce que vit celui de l'ameublement depuis plusieurs jours. Les enseignes Alinéa et Conforama sont en difficulté.
Conforama est en attente d'un prêt garanti par l'État, qui lui permettrait de passer sans trop d'encombres la période post-confinement. Mais selon trois syndicats (FO, CGT et CFE-CGC), la BNP Paribas qui fait partie du pool de quatre banques appelées au chevet de l'entreprise, freinerait des quatre fers. Le 15 mai dernier, l'établissement n'a pas participé à une réunion du Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI), un passage obligé pour décrocher un prêt garanti. Pourtant, l'État a remonté le niveau de la garantie, passée de 80% à 90%, tandis que la BNP Paribas a exigé des garanties toujours plus importantes avant de desserrer les cordons de la bourse. Conforama pourrait passer par la cessation de paiement avant d'envisager un redressement de ses finances, faisant craindre une casse sociale.
Difficultés pour le secteur de l'ameublement
Ce prêt garanti est nécessaire pour financer le plan de sauvegarde de l'emploi homologué le 27 février dernier, qui va toucher 1.900 salariés (sur un total de 9.000 employés en France). La BNP Paribas se défend de toute mauvaise volonté, rappelant qu'elle a accepté de participer au CIRI alors qu'elle n'est pas la banque de l'entreprise. L'établissement a traité plus de 51.000 demandes de prêts garantis par l'État pour plus de 12,4 milliards d'euros. Autre enseigne du secteur de l'ameublement en grande difficulté, Alinéa, propriété du groupe Mulliez : l'entreprise, à la tête d'une trentaine de magasins en France, a déclaré être en cessation de paiement auprès du tribunal de commerce de Marseille.
Crises successives
Le tribunal a ouvert une procédure de redressement judiciaire, assortie d'une période d'observation jusqu'au 13 novembre. Durant les deux mois du confinement, Alinéa a dû fermer ses magasins, tout en mettant en place un système de drive et en misant sur le commerce en ligne. Le réseau n'a pu sauver que 15% de son chiffre d'affaires habituel. Alinéa a particulièrement souffert des crises successives qui ont agité l'économie française : les « gilets jaunes » en 2018, le mouvement contre la réforme des retraites l'année suivante, puis le coronavirus. Alinéa emploie 2.200 salariés.