Les applications de rencontres : exit le hasard, place au contrôle

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By Antoine Chéron Published on 27 mars 2019 6h17
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@shutter - © Economie Matin

Application de rencontre phare fondée par Sean Rad et rassemblant des millions d’utilisateurs, Tinder suscite depuis quelques jours des interrogations quant à l’algorithme qu’elle utilise notamment depuis la sortie du livre L'amour sous algorithme de Judith Duportail.

Les « Matchs »

Pour resituer le sujet, si un utilisateur aime un profil et que l’autre utilisateur le like en retour, cela constitue un « match ». Les messages privés sont alors disponibles. Jusque-là, cela semble encore acceptable.

Le « score de désirabilité » ou « Elo score »

C’est là que tout le débat se pose. Tous les utilisateurs de Tinder en auraient un mais que signifie-t-il ? Ce score permet d’évaluer la désirabilité d’un profil selon plusieurs critères parmi lesquels se trouve le nombre de personnes qui ont aimé le profil. Si l’utilisateur détenait à son actif de nombreux matchs, des profils très appréciés lui étaient proposés. Si notre profil est montré à un utilisateur et qu’il est liké contre le profil de celui ayant une note élevée, notre note s’améliore. Ce score est difficilement connaissable mais il apparait gênant qu’une application de rencontre puisse donner une note à un profil et d’autant plus sur le simple fondement des goûts des différents utilisateurs. Même si Tinder affirme ne plus utiliser ce score, cela semble douteux puisque l’algorithme qu’il utilise est d’autant plus complexe.

En effet, pour rapprocher certains profils, l’application se sert de plusieurs données telles que la géolocalisation (notamment la proximité géographique), l’âge, le genre de la personne. L’application de rencontre affirme l’exclusion de certains critères tels que la couleur de peau ou encore le salaire. L’algorithme essaierait de rapprocher en priorité des profils actifs mais surtout actifs simultanément.

Toutefois l’algorithme ne s’arrête pas là et prend en compte d’autres critères afin de rapprocher des profils susceptibles de se correspondre. Tinder classe les profils en utilisant des centaines de données qui vont des photographies, en passant par les profils Facebook likés jusqu’aux biographies et goûts musicaux renseignés et rangent en quelque sorte les profils dans des cases telles que « artistes », « sportifs », sur la base de cette seule analyse.

Classer les profils par centres d’intérêts ne semble pas illogique puisque nous recherchons chez nos partenaires des points communs. Par contre, la manipulation des données serait tout autre…Ce qui apparait certain c’est que les rencontres ne seraient pas du tout le fruit du hasard mais bien contrôlées par cette application et qui sait par d’autres aussi.

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Antoine Chéron est avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC.