S'il vous plait, ramenez votre argent en France ! Voilà en substance ce que le ministre délégué au Budget ne cesse de répéter ces derniers jours aux Français qui auraient caché de l'argent en dehors de l'Hexagone pour échapper à l'impôt. Bernard Cazeneuve, qui a succédé à Jérôme Cahuzac au Budget, a à nouveau souligné hier l'importance de la lutte contre la fraude fiscale pour atteindre l'objectif de hausse des recettes de 6 milliards d'euros que le gouvernement s'est fixé pour 2014.
Il en a profité pour rappeler qu'une nouvelle loi serait présentée en juin pour renforcer les moyens dont disposent la justice et l'administration pour lutter contre la fraude fiscale. Parmi ces nouveaux moyens, des écoutes téléphoniques, des « infiltrations » et des gardes à vue allant jusqu'à quatre jours. Cinquante agents supplémentaires vont être affectés à la lutte contre la fraude fiscale. Le nouveau texte permettra en outre de punir de sept ans de prison et de deux millions d'amende la fraude fiscale aggravée.
Les fraudeurs n'ont donc plus que quelques semaines, avant le vote de la loi, pour rapatrier l'argent caché. Depuis 2009, ceux qui se décident enfin à rapatrier leur argent doivent régler l'impôt dû mais ne sont la plupart du temps pas poursuivis en justice. Cette clémence a permis de faire rentrer dans les caisses plus d'1,2 milliard d'euros. Mais cette fois, le ministre a prévenu qu'il n'y aurait pas d'amnistie pour les évadés fiscaux sortant du bois.
Il faut savoir que la fraude fiscale, qui englobe l'exil fiscal mais aussi par exemple le travail au noir, représenterait en France entre 60 et 80 milliards d'euros de manque à gagner par an (soit 17% à 22% des recettes fiscales brutes), et que l'an dernier, le déficit public s'est élevé à 98 milliards d'euros. Dès lors, le retour de cette manne dans la mère patrie aiderait évidemment à rééquilibrer les comptes de l'Etat !