C'est finalement une somme oscillant entre 8 et 9 milliards de dollars, soit 5,8 à 6,6 milliards d'euros, que BNP Paribas devrait devoir débourser pour avoir violé l'embargo décrété par les Etats-Unis avec plusieurs pays pendant près de dix ans. Une somme à comparer aux 100 milliards de dollars de transactions qui n'auraient pas du exister si la banque française n'avait pas été complaisante, voire complice.
La Justice américaine est en effet désormais convaincu que la BNP Paribas, au plus haut niveau de la banque, savait que certaines des transactions qu'elle opérait, notamment sur le continent africain, étaient "border line". Ainsi, au Soudan malgré la guerre civile et le génocide au Darfour, BNP Paribas, abritée derrière les codes de compensation de banques régionales, aurait servi de "passeur de fonds" pour des gens pas forcément très recommandables. Les Etats-Unis outrepassent-ils leurs droits ? Pas tant que ça si l'on intègre que le principal reproche fait à la banque française est d'avoir opéré des transactions en dollars avec et dans des pays frappés d'embargo. Si ces transactions s'étaient effectuées dans une autre monnaie, comme l'euro par exemple, la BNP Paribas serait innataquable à défaut d'être irreprochable.
La sanction que BNP Paribas s'apprêterait à accepter, d'après la presse américaine, consisterait en une amende d'un montant inédit, mais aussi en une interdiction de transaction en dollars pendant plusieurs mois. C'est ce point, sur lequel la banque a tenté de négocier jusqu'au bout, qui pourrait lui être le plus préjudiciable, l'empêchant basiquement de travailler pour nombre de ses clients, qui ne pourraient plus recevoir ou envoyer de réglements libellés en dollars ! Par ailleurs, la Justice américaine exige de la banque qu'elle licencie ou se sépare d'un certain nombre de collaborateurs soupconnés d'avoir participé à ces transactions, tout en sachant qu'elles étaient interdites.