Vous en avez peut-être déjà entendu parler, mais vous n'avez jamais acheté dessus, et pour cause. Il n'existe pas encore en France. Mais il est pourtant désormais le numéro deux mondial de la vente en ligne. Alibaba, un site marchand lancé en Chine par le génial Jack Ma, un obscur professeur d’anglais du Zheijiang aujourd’hui à la tête d’une fortune de 2,7 milliards de dollars, a annoncé hier avoir réalisé 157 milliards de dollars de ventes en 2012 (un trillion de yuans !). Or d'après une étude récente publiée par Forbes, le chiffre d'affaires de son site phare, Tmall, devrait dépasser celui d'Amazon dans les deux ans à venir, ce qui en ferait le plus grand site d'e-commerce au monde.
C’est bien simple : Alibaba gère 75 % du commerce en ligne en Chine, un pays qui compte désormais plus d'un demi milliard d’internautes, la plupart étant actifs. D’après les estimations, en 2015, les acheteurs chinois devraient dépenser en moyenne environ 1000 dollars par an et par personne on line, soit l’équivalent de ce que les Américains dépensent actuellement.
Le concept initial d’Alibaba : utiliser Internet pour faire connaître les PME chinoises auprès des entreprises occidentales qui cherchent des sous-traitants. Depuis, le projet a évolué, et les Chinois peuvent désormais surfer sur les différentes entités du groupe : notamment sur Tmall donc, qui propose des articles de marques chinoises et étrangères pour le compte de commerçants ou sur Taobao (dont le nom signifie « chercher un trésor »), un équivalent d’eBay mais où vendeurs et acheteurs peuvent se retrouver sans payer les moindres frais d’inscription ni la moindre taxe sur les transactions, le site se rémunérant seulement grâce aux publicités qui pullulent sur le site.
Jack Ma, ce jeune tycoon à l’allure fluette et juvénile, au regard pétillant et au visage émacié, surnommé le père de l’Internet en Chine, a déjà prévenu qu’il espérait voir le volume de transactions de son groupe dépasser dès l’an prochain celui de « toutes les entreprises américaines de e-commerce réunies ». Dans tous les cas, Alibaba fait partie des géants de l’Internet avec lesquels le monde va devoir compter. En mai dernier, Jack Ma a racheté à Yahoo ! la moitié des parts de marché que l’Américain détenait, pour la modique somme de 7,6 milliards de dollars. Un jeune Chinois s’attaquant sans sourciller à un fleuron américain : impensable il y a encore dix ans !