"l'Etat a forcément son mot à dire" : François Hollande a pris le dossier Alstom en main. Pour ne pas laisser Arnaud Montebourg s'en occuper et se ridiculiser comme dans le dossier du rachat de SFR, quand il avait pris fait et cause pour Bouygues Télécom, quand Vivendi privilégiait Numericable ? Possible.
Le chef de l'Etat a en tout cas reçu lundi 28 avril au matin le PDG de Général Electric, dont le rendez-vous était initialement prévu la veille avec Arnaud Montebourg, puis décommandé à la dernière minute... Plus tard dans l'après-midi François Hollande a reçu le PDG de Siemens, dont le groupe a manifesté de l'intérêt pour le rachat d'une partie de l'activité d'Alstom, comme General Electric, à savoir la partie énergie du groupe. En fin de journée, c'est Martin Bouygues, actionnaire de référence d'Alstom, qui sera à l'Elysée, alors que la rumeur court que l'Etat pourrait racheter les parts de Bouygues dans Alstom pour pouvoir peser plus dans la décision finale de vente par appartements de l'entreprise.
L'offre de Siemens, non encore formalisée - et dont on ne sait pas si et quand elle le sera - pourrait proposer un échange d'actifs entre les deux entreprises. Siemens est en effet présent dans l'énergie, comme Alstom, mais aussi dans les transports - l'entreprise fabrique le ICE, le TGV allemand, quand Alstom fabrique le TGV français. Dans ce scénario, Siemens deviendrait un géant de l'energie en absorbant Alstom energie, et Alstom un géant des transports en absorbant Siemens transports...
Alstom, longtemps en difficulté, et réguliérement sauvé grâce à l'intervention de l'Etat, emploie 18 000 personnes en France et 93 000 dans le monde. Alstom est notamment le constructeur du mythique TGV, et c'est son leadership dans les secteurs des transports et de l'energie en France et dans le monde qui autorise l'Etat à intevenir sur le dossier, en vertu d'une loi de 2006 permettant au Ministère de l'Economie et des Finances d'intervenir dans les transactions touchant des "actifs stratégiques" sur le territoire français.