L'agriculture est en crise, personne ne peut le nier ; et les agriculteurs ont fait entendre leur voix la semaine du 1er février en manifestant un peu partout en France. Leurs revenus sont en baisse à cause de a chute des prix des aliments. Le gouvernement a donc eu une idée : il propose de "taxer" les distributeurs pour créer un fonds d'urgence. Pas sûr que ces derniers vont apprécier.
Une chute des prix alimentaires qui fait mal au portefeuille des agriculteurs
S'ils sont fondamentaux à notre survie, sans agriculture point de blé, viande, légumes... donc de nourriture, les agriculteurs ont du mal à survivre. Les prix des aliments sont en effet en chute libre : la FAO estime à -16 % la baisse moyenne en 2015. Les prix sont retombés aux niveaux de 2009, au lendemain de la crise économique.
Les agriculteurs français en font les frais, comme les autres d'ailleurs. Le journal Les Echos cite le cabinet d'études IRI qui estime que la bière, l'eau ou encore les produits laitiers ont fortement chuter en 2015 : -2 % pour la première, -2,8 % pour les secondes en moyenne.
Cette baisse des prix au niveau de la distribution, donc potentiellement favorable pour le consommateur, ne va pas sans une baisse des revenus des agriculteurs. Et c'est là tout le problème.
Les distributeurs se font la guerre et leurs marges se font sur le dos des agriculteurs
C'est un effet pervers de la grande distribution : cette dernière se fait la guerre pour avoir "les prix les plus bas" afin de capter plus de clientèle. Mais en parallèle les entreprises ne veulent pas baisser leurs marges et leurs gains (bien au contraire) et donc négocient les prix... avec les agriculteurs. Et ces derniers n'ont pas vraiment d'autres choix que d'accepter.
Stéphane Le Foll, ainsi que le reste du gouvernement, en sont convaincus : "Depuis des années c'est une confrontation systématique. Le résultat final est que les prix aux agriculteurs baissent". Du coup, les responsables de la grande distribution sont reçus à Matignon afin que "chacun prenne ses responsabilités" et que "si les distributeurs acceptent de maintenir les prix, les industriels doivent s'engager parallèlement à ne pas diminuer la rémunération des producteurs".
Un fonds d'urgence pour l'agriculture alimenté... par l'industrie ?
Xavier Beulin, président de la FNSEA, a eu une idée : les entreprises de la grande distribution pourraient alimenter un fonds d'urgence qu'il serait possible de débloquer pour les agriculteurs en parallèle des aides de la PAC et des aides du gouvernement.
Selon Les Echos, l'idée serait de taxer à hauteur de quelques centimes par kilo les ventes afin de créer ce fonds qui représenterait une somme d'environ 100 millions d'euros. On reste loin des 800 millions débloqués par le gouvernement en moins d'un an et qui n'ont pas résolu la solution.
Pour financer ce fonds, les distributeurs et les industriels accepteraient donc de réduire leurs marges... un paradoxe car c'est justement pour garder (et augmenter) leurs marges qu'ils négocient des prix très bas avec les agriculteurs.