Olympisme, immobilisme, pessimisme : faites vos jeux…rien ne va plus ! (1/2)

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Par Charles Sannat Modifié le 26 juillet 2012 à 13h56

Bon, il faut que je vous dise quelque chose. Depuis début juillet que ma femme est en vacances, il parait que je parle souvent d’elle... C’est vrai. Désormais j’ai donc gagné un surnom auprès de mes camarades collègues, celui d’économiste « Colombo ». Je trouve que c’est plutôt sympa, et je suis un grand fan de l’inspecteur et de ses « méthodes » peu orthodoxes.

Je vais vous expliquer ce que j’aime dans sa manière de faire. Il écoute beaucoup. Il note beaucoup. Il compare beaucoup. Il réfléchit beaucoup. Il croise les informations (beaucoup) et les rapproche. De tout cela il fait des déductions. C’est un travail d’enquêteur. C’est un travail de doutes. C’est un travail de remise en cause systématique. D’un côté il y a les apparences auxquelles il est facile de croire. De l’autre côté, il y a la réalité qui doit être découverte. C’est une vie de travail pour essayer de comprendre, le plaisir étant un plaisir intellectuel, loin de tout matérialisme excessif.

Voilà les valeurs que je partage avec le personnage de la série. La vérité, la lucidité, la réalité, le pragmatisme, loin de toutes les crétineries médiatico-politicoéconomiques à la mode.

Attaquons donc les choses sérieuses.

Egan-Jones abaisse la note de l’Italie à CCC+.

Il y a deux agences de notation que vous devez surveillez attentivement car elles sont plus « objectives » que les autres, ou en tout cas elles ne relèvent pas de la même approche politique.

L’agence Dagong est chinoise. Mal noter les autres (en particulier les USA et l’Europe) lui pose peu de problèmes. C’est moins le cas pour les notes données aux alliées politique de la Chine, mais c’est une autre histoire.

L’autre c’est l’agence de notation Egan-Jones. Elle est petite, elle a peu de notoriété et aimerait bien profiter de la mauvaise image qui colle à la peau des grandes agences pour sortir de l’ombre. Donc ses prises de positions sont légèrement plus franches ou moins faux-cul, tout dépend de la façon dont vous souhaiterez analyser les choses.

Egan-Jones a donc abaissé mercredi la note souveraine de l’Italie de B+ à CCC+ avec perspective négative, évoquant les difficultés de ses régions, de ses banques et de son économie. On peut donc dire en lisant entre les lignes que pour Egan-Jones, l’Italie va finir comme ma chemise blanche après un plat de spaghettis sauce bolognaise sans serviette… L’agence rajoute même dans son communiqué que: « La capacité de l’Italie à soutenir indépendamment ses banques est discutable vu l’état de faiblesse du pays et de ses banques ». Cela ne va pas plaire à ma femme, mais je crains et je crois que pour l’Italie c’est hélas plié. Ce n’est qu’une question de temps.

« L’Espagne obtient un répit sur les marchés, trouve du soutien en Europe ».

Moa et nousse zaimons les titres des dépêches AFP. L’Espagne aurait donc trouvé du soutien. Nous voilà donc rassurés… Un peu plus et on commençait à s’inquiéter. Ce qu’il faut que vous sachiez, c’est que 90 % des lecteurs ne lisent que les titres. Il n’y a bien que les lecteurs de ce journal pour se farcir mes milliers de caractères quotidiens… Ça tombe bien remarquez, parce que tout ce travail, c’est pour vous.

Bref, de surcroît les « vrais » journalistes étant très paresseux (c’est nettement mieux d’aller dans les grands restos, toujours tous frais payés en « passant » éventuellement au bureau une ou deux fois par semaine de 16h00 à 20h00…, de se contenter de reprendre les communiqués de presse et de faire des copier/coller de dépêches… sans réfléchir).

Donc les médias relaient par facilité des informations orientées. Poursuivons l’analyse de cette dépêche qui nous dit donc que « l’Espagne a gagné mercredi un répit sur les marchés, après une longue descente aux enfers entamée vendredi, et un soutien de ses partenaires, y compris à Paris où le ministre espagnol des Finances, Luis De Guindos, s’est entretenu avec son homologue français Pierre Moscovici ».

« Les deux hommes ont réaffirmé à l’issue de cet entretien leur confiance dans la capacité de l’Espagne à renouer avec une croissance durable et à sortir de la crise ». Ma femme se sent mieux. Merci de votre sollicitude messieurs mes sinistres.

Ma grand-mère disait (si, si Colombo aussi avait une grand-mère en plus de sa femme) que si le ridicule ne tue pas, en tout cas il fait mal… Nos mamamouchis insistent donc au risque de se faire très mal, très prochainement et n’hésitent pas à dire:

« Nous considérons que le niveau actuel des taux d’intérêt », imposés à l’Espagne, « ne reflète pas les fondamentaux de l’économie espagnole, son potentiel de croissance et la soutenabilité de sa dette publique ».

Alors franchement, Messieurs les Mamamouchis, les fondamentaux de l’économie espagnole, j’en rigole encore, leur potentiel de croissance, là c’est le fou rire, et la soutenabilité de la dette, et bien là c’est MRD, LOL de LOL en langage de jeunes acheteurs d’Apple (je traduis, MDR = mort de rire, et LOL, là c’est plus compliqué, cela demande de l’étymologie « internesque »= Laughing of loud, ce qui signifie par extension beaucoup de rire).

Si on vous dit que tout va bien, vous auriez tort de vous en faire.

En plus le communiqué publié mercredi par MM. Moscovici et De Guindos réaffirme également « l’engagement des deux pays à mettre pleinement en œuvre les décisions du Conseil européen des 28/29 juin dernier ».

Pourquoi ? Il y aurait des doutes ???

Cela ne va pas plaire à ma femme, mais je crains et je crois que pour l’Espagne c’est hélas plié. Ce n’est qu’une question de temps.

A Wall Street, Apple pèse sur la tendance.

Aujourd’hui, je dois vous l’avouer, j’ai beaucoup rigolé. La bourse de New York est freinée dans son élan par Apple, dont les résultats ont déçu.

Vous savez, la marque à la pomme. Excellent, les pommes, mangez des pommes. Il semblerait que le groupe californien ait publié un bénéfice net et un chiffre d’affaires inférieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice décalé. Etrange non ? Je suis étonné. Après l’Iphone, l’Ipad, l’Ibook, et tous les i-machins chouette, je pense qu’Apple va rejoindre Facebook au musée des valeurs technologiques.

Pour Apple au moins pour un temps, direction le purgatoire. D’ailleurs, Apple vient de faire interdire la vente des tablettes Samsung en Europe. Aujourd’hui les produits Apple ont clairement perdu leur singularité. Il ne leur reste globalement plus que le prix… hors de prix. Au revoir Apple.

Et cela ne va pas plaire à ma femme, mais je crains et je crois que pour Apple ce soit hélas plié. Ce n’est qu’une question de temps.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.