Une très grande partie des français ne se rend pas du tout compte du prix réel des achats qu’ils font. Lorsque je vois des articles à quelques euros, je me demande, même s’ils viennent d’Asie, comment peuvent-ils être conçus, fabriqués, contrôlés, emballés, transportés par avion, cargos puis en train ou camion et même camionnette pour les plus petits magasins et arrivés sur les étalages à ce prix ? Pour les fruits et légumes, ce serait un peu plus compréhensible, puisqu’il y a peu ou pas de transformation à part ; cueillette, arrachage, nettoyage, mise en caisse…
En revanche pour tous les produits dit manufacturés qui comprennent différents composants, besoin de plusieurs fabricants, le prix semble tellement faible que quelqu’un qui a une expérience industrielle ne peut arriver à imaginer que cela puisse être possible. D’autant que les pays d’Asie ont des pouvoirs d’achat qui ont augmenté, même pour les derniers arrivés : Bengladesh, Thaïlande, Cambodge, Vietnam, Indonésie, sans oublier les pays du Maghreb et de l’Europe de l’Est.
Le début des difficultés a commencé avec le Japon et Hong Kong dans les années 50, ce dernier surtout pour les tissus et le premier pour les produits manufacturés.
Après les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki et sa capitulation en 1945, le Japon ruiné, en s’appuyant sur les Etats-Unis s’est réindustrialisé très rapidement en copiant dans un premier temps les équipements des pays industrialisés européens et américains. Il devient à la fin des années 60 la deuxième puissance économique mondiale. Mais en 1990 sa croissance prend fin à la suite de l’éclatement d’une bulle immobilière et aussi de la forte évolution de son niveau de vie.
En 1950, les salaires étaient dix fois inférieurs à ceux des principaux pays industrialisés européens. Même si la productivité horaire était plus faible, la production globale était plus importante compte tenu du nombre important d’heures effectuées. Un troisième larron est venu rejoindre les deux premiers, c’est Taïwan.
Dans les années 70, les « Nouveaux pays industriels d’Asie » : La Corée du Sud, Singapour, Hong Kong et Taïwan peuplés seulement de 100 millions d’habitants assurent une proportion considérable des exportations manufacturières de l’ensemble des pays d’Asie du Sud.
C’est aussi la période où la Chine a commencé son expansion industrielle, surtout avec l’arrivée de Deng Xiaoping en 1978, la mise en place de plans de planification industriels et de la révolution culturelle. Ce qui lui a permis d’obtenir des progressions de PIB de 9,4% par année et de le décupler en un quart de siècle. En Asie, la Chine qui ne pesait pas plus que l’Inde en 1980, a été propulsée au deuxième plan mondial juste derrière les Etats-Unis. Le salaire moyen est passé de 120 maquiladoras à 3700 en 30 ans (1970 à 2000).
Pendant cette période la France d’après 1970, n’a fait que se désindustrialiser. C’est dans cette période que le revirement politique a sonné le glas de l’approche gaullienne qui visait à stimuler l’industrie française. Pour marquer cette rupture le commissariat au plan a arrêté son soutien à l’industrie électronique, ce qui a mis en difficulté les autres secteurs attachés. Pour enfoncer le clou, un peu plus tard, les baisses de temps de travail ont fortement accentué la chute vers le bas !
De 1980 à 1990, la part de l’emploi manufacturier est passé de 22,1% à 17,6%, en partie due à l’externalisation de certaines activités. La part de l’industrie a diminué de 20,6% à 17,6%.
Cette industrie a perdu 1,9 million d’emplois entre 1980 et 2007 soit 36% de ses effectifs et la part de l’industrie est passée de 35% en 1970 à moins de 20% en 2019. L’économie s’est transformée en économie post-industrielle marquée par une forte tertialisation du tissu économique. L’industrie a versé vers les services à haute valeur ajoutée. C’est aussi la mondialisation des échanges et la concurrence globale qu’elle engendre avec les salaires et coûts moins élevés.
Presque toute l’Europe a été touchée mais à des degrés toutefois différents. En analysant de plus près, il est possible de s’apercevoir que cette désindustrialisation est très liée à la baisse globale des temps de travail et d’activités, l’augmentation des coûts en résultant, et surtout par ricochet à l’augmentation des charges entreprises et salariées. En 1970 les retenues sur salaires étaient d’environ 7%, en 2020 c’est plus de 23% et de 25 à 28% pour les cadres, d’où une forte baisse de pouvoir d’achat. Qui dit moins d’achats, dit moins de production, moins d’emplois et donc plus de chômage.
D’après les experts le coût global du chômage se situerait entre 100 et 110 milliards d’euros par année ! Sans compter le montant des salaires, charges, impôts perdus. Sans chômeur, le montant moyen des salaires, charges, impôts perdus se monterait à environs 160 milliards ! La perte globale pourrait se monter à 260/270 milliards par année !
Autre critère important, la perte de compétitivité des entreprises françaises. Leur marge moyenne en 2013, est tombée à 28%, alors qu’en Allemagne elle était à 42%, en Italie à 39,5%, en Espagne à 39,3% et en moyenne en Europe à 37% ! Avec le CICE elle est remontée à 29,8% puis légèrement au- dessus de 30 en 2015. Comment les entreprises pouvaient-elles lutter dans des conditions concurrentielles désastreuses ? Elles ont fortement augmenté leur productivité horaire devenant une des premières mondiales, mais mal placées en productivité globale, c’est cette dernière qui compte. La cause : moins d’heures travaillées payées.
Alors la France a ainsi des prix qui ne sont plus du tout compétitifs, d’où beaucoup d’import et à l’inverse des baisses d’exportation.
Résultats des délocalisations, de plus en plus de produits fabriqués et achetés à l’étranger, d’où de plus en plus de fermetures d’entreprises principalement à la campagne et ensuite en agglomérations, remplacées partiellement par du tertiaire qui n’a su enrayer la baisse d’emplois. Ces bouleversements ont entraîné des inimités, du dégout, de la haine, des manifestations violentes avec casse…Les reconversions, les changements de lieu, d’emploi sont très difficilement acceptés. D’où un chômage de longue à très longue durée qui s’est installé avec une très grande difficulté d’en sortir, surtout avec toutes les aides qui ont augmenté au fur et à mesure, notamment le RSA, l’aide la moins propice pour reprendre un emploi.
Alors que peut-on acheter avec des bas revenus ? Des prix bas à 80% donc en majorité, des produits importés. C’est la première cause de la grande difficulté pour survivre des paysans. Les distributeurs devant s’adapter, les pressurent pour essayer de garder une marge de survie. Pour ces premiers, la seule solution viable, serait de pouvoir vendre leur production à des prix leurs permettant de vivre correctement. Cela permettrait de diminuer la course au prix, à la production intensive, aux rendements, à l’emploi d’engrais, anti-pesticides polluants… Même les aides européennes n’ont pas su enrayer leur pauvreté, les suicides et leur diminution.
Il ne reste qu’une solution pour augmenter le pouvoir d’achat, acheter mieux, vivre mieux, acheter moins de produits importés, donc faire revivre nos campagnes avec des réimplantations d’entreprises, de commerces et de services.
Qu’attendons-nous ?
TRAVAILLER PLUS, GAGNER PLUS, (comme avant) POUR DEPENSER MIEUX
En gardant des horaires de travail conséquent nous aurions certainement pu résister beaucoup plus aux assauts des pays émergeant en achetant plus français et local. (Comme avant)
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