Contre toute attente, être propriétaire de sa résidence principale plutôt que d’en être locataire permet le plus souvent de gagner en superficie. Le recul global du pouvoir d’achat immobilier des Français ne saurait, en effet, masquer les inégalités locales. Pour 1 000 € déboursés chaque mois, où vaut-il mieux acheter son logement ? Et au contraire, où est-il plus avantageux de le louer ?
Mètres carrés : un ratio meilleur à l’achat qu’à la location
Certaines idées reçues ont décidément la peau dure… Parmi celles-ci, on retiendra la croyance selon laquelle l’un des avantages de la location par rapport à l’achat immobilier tient au fait qu’en louant, on peut espérer profiter de davantage de mètres carrés qu’en achetant. En d’autres termes, pour un même budget, il serait le plus souvent impossible d’acheter l’équivalent - en termes de superficie - de ce qu’on loue. Aussi répandue soit-elle, cette idée reçue mérite toutefois qu’on lui torde le cou. Et pour cause, il ressort d'une étude que nous avons réalisée que dans plus de la moitié (55 %, pour être précis) des villes de France de plus de 30 000 habitants, il est plus avantageux d’acheter sa résidence principale que de se contenter de la louer. Dans plus d'un cas sur deux, on gagne, en effet, de la surface en achetant.
En effet, dans une majorité des villes de l’hexagone et en contrepartie d’un effort financier de 1 000 € par mois, ceux-ci étant dépensés soit en mensualités de crédit, soit en loyers, vous pouvez vous offrir davantage de mètres carrés en achetant votre logement plutôt qu’en le louant. Si ce montant (1 000 €/mois) peut vous sembler disproportionné, sachez que nous l’avons choisi afin de pouvoir comparer, toutes choses étant égales par ailleurs, les marchés immobiliers de métropoles comme Paris ou Lyon à ceux de communes comme Charleville-Mézières ou Montluçon. Dans la quasi-totalité des communes étudiées, l’ascendant du pouvoir d’achat immobilier sur la capacité locative s’explique par une relative ténuité des prix de vente (pas plus de 3 012 €/m²) relevés localement.
Dans 26 % des villes de plus de 30 000 habitants dans lesquelles mieux vaut acheter que louer, le gain obtenu représente une pièce supplémentaire.
À Montluçon, acheter plutôt que louer permet de gagner 116 m²
À la lecture de l’étude que nous avons conduite, il est troublant de constater qu’en délaissant la location au profit de l’achat immobilier, on peut multiplier par 2 la superficie de son logement. Deux villes permettent aux acquéreurs de gagner autant de surface en plus. Il s’agit de Montluçon dans l’Allier et de Nevers dans la Nièvre. À Montluçon, pour 1 000 € par mois, vous devrez vous contenter de 112 m² à la location au lieu de 229 m² à l’achat ! Si ces deux villes cristallisent la supériorité - locale - de l’achat immobilier sur la location, en termes de mètres carrés gagnés, d’autres communes ne sont pas en reste, loin s’en faut ! Sur la totalité des municipalités qui font la part belle aux acquéreurs, 1 ville sur 5 permet de profiter d’une pièce supplémentaire. Concrètement, le bonus oscille entre 9 et 18 m². C’est le cas, par exemple, à Avignon (+ 9,7 m²), à Pau (+ 12 m²) ou encore à Quimper (+ 16,2 m²).
À Caen, dans le Calvados, pour 1 000 € déboursés chaque mois, la surface, qu’elle soit achetée ou qu'elle soit louée, sera la même.
Un gain de 18 m² en signant un compromis plutôt qu’un bail
À l’heure où les mètres carrés sont aussi rares que chers et où les Français ont, plus que jamais, des envies d’espace(s), ce qui s’apparente à une exception, non pas culturelle mais bien immobilière, mérite que l’on s’y attarde. Car aux avantages - déjà bien connus - de l’achat immobilier (éviter de payer des loyers à fonds perdus, se constituer un patrimoine, préparer sa retraite, etc.) s’en ajoute un autre auquel on ne s’attendait pas : avoir une plus grande superficie qu’à la location. Et cela dans plus d’une ville sur deux ! Or, si certaines communes permettent aux acquéreurs de s’offrir l'équivalent d’une pièce en plus, d’autres leur offrent même la possibilité de profiter de l’équivalent de deux pièces en plus. soit un bonus de 18 m². Un tel gain de surface vous sera ainsi octroyé en faisant l'acquisition d’un logement a? Metz (+ 19,7 m²), à Limoges (+ 28,4 m²) ou encore à E?vreux (+ 39,2 m²).
À Paris, l’écart en m² est mince entre l’achat et la location
Si 55 % des villes de plus de 30 000 habitants dont nous avons scruté les marchés immobiliers donnent l’avantage, en termes de surface habitable, aux acquéreurs sur les locataires, force est de constater que ces derniers reprennent la main dans 44 % d’entre elles Ce déplacement du centre de gravité de l’achat vers la location s’explique non seulement par des prix de vente élevés (notamment dans les grandes villes, en région parisienne et dans le sud de la France), mais aussi par un déséquilibre entre une forte demande et des biens trop rares, plus marqué sur le marché de la transaction que sur celui de la location. Dans ces villes où louer permet d'avoir plus grand que si l’on achète, le gain en superficie oscille entre 1 et 35 m². Enfin, il est intéressant de souligner que, si les prix parisiens dépassent ceux des autres villes de l’hexagone, le niveau (élevé !) des loyers pratiqués dans la capitale fait que le gain en mètres carrés à la location y est rogné. Jugez plutôt, il se limite à 13 m² à Paris alors qu’il culmine à 22 m² à Nantes !
C'est parce que la réalité du marché immobilier n'est pas uniforme en France et que les problématiques rencontrées par les Français pour se loger sont très différentes d'une ville à l'autre que nous récoltons l'avis précieux de chacun des Français sur l'immobilier et le logement au travers d'une grande consultation nationale : le logement, parlons-en avec SeLoger. Les résultats de cette consultation seront le terreau d'un manifeste qui sera remis au prochain gouvernement comme piste de réflexions et de solutions pour l'avenir.