Allemagne : le volet économique de l’accord CDU-SPD

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Par JOL Press Publié le 28 novembre 2013 à 12h44

Il aura fallu presque deux mois pour qu’un accord de coalition, rendu nécessaire par la victoire nette mais sans majorité absolue de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) lors des élections législatives de septembre, soit enfin trouvé. L’annonce de l’accord a été faite mercredi 27 novembre, très tôt dans la matinée, à l’issue d’une dernière séance de discussions de 17 heures.

A noter cependant que l’accord d’un gouvernement commun entre les trois partenaires (Parti social-démocrate (SPD), Union Chrétienne-sociale en Bavière (CSU) et CDU) doit encore être approuvé par les quelque 470 000 adhérents du SPD. Le vote devrait avoir lieu entre les 6 et 12 décembre, et le résultat être annoncé avant le 15. Si les militants se prononcent favorablement à l’accord, Angela Merkel sera élue le 17 décembre, par les députés du Bundestag, le parlement allemand, à tête du gouvernement de coalition. L’issue du vote reste malgré tout incertaine.

Finances publiques : pas de hausses d’impôt ni de dettes nouvelles

Les trois partenaires semblent globalement satisfaits de l’accord, à l’image de Hermann Gröhe, secrétaire général de la CDU, qui a estimé : « Le résultat est bon pour notre pays ».

Les mesures prévues par l’accord, qui devraient entrainer une dépense publique supplémentaire de 23 milliards d’euros, ne seront financées ni par une hausse des impôts (condition essentielle pour la CDU de la chancelière Angela Merkel et la CSU), ni par la création de dettes nouvelles. Les trois partenaires avaient en effet à cœur de ne pas compromettre les efforts effectués depuis une dizaine d’années par l’Allemagne, avec un budget qui sera à l’équilibre dès 2014.

Au niveau européen, l’accord ne laisse pas présager d’une quelconque révolution au niveau de l’attitude du pays. Les partenaires s'opposent à toute mutualisation des dettes, et par voie de conséquence, à la création d’eurobonds. Cette position s’explique aisément, dans la mesure où l’Allemagne emprunte aujourd’hui à un taux historiquement bas et ne veut pas voir son taux d’emprunt remonter, même si une mutualisation aiderait considérablement les pays d’Europe du sud.

Création d’un salaire minimum : un changement majeur en Allemagne

C’était la revendication majeur du SPD : un salaire minimum de 8,5 euros de l’heure sera bien établi, à partie du 1er janvier 2015. Il est à noter cependant qu’entre 2015 et 2017, les partenaires sociaux pourront se mettre d’accord, par branche, sur un salaire minimum inférieur. La généralisation d’un salaire minimum de 8,5 euros de l’heure ne sera donc effective qu’en 2017. D’après l’institut DIW, 17% des salariés ont aujourd’hui un salaire inférieur à ce niveau. Il s’agit d’un changement majeur en Allemagne, puisqu'à l’heure actuelle, les partenaires sociaux sont libres sur la question salariale.

Retraites : amélioration pour les petits salaires

Concernant les retraites, les deux camps devraient être satisfaits. Comme le voulaient les conservateurs, les mères ayant élevé des enfants avant 1992 verront leur pension de retraite revalorisée. Les sociaux-démocrates ont obtenu pour leur part l’amélioration des retraites pour les petits salaires, et la possibilité pour les Allemands âgés de 63 ans et ayant cotisé 45 ans, de prendre leur retraite sans être pénalisés (contre 67 ans aujourd’hui).

Les expériences de cohabitation entre la gauche et la droite sont relativement fréquentes en Allemagne, cela a par exemple été le cas entre 2005 et 2009, lors du premier mandat d’Angela Merkel. A l’époque, l’accord entre les partenaires se situait dans la continuité des réformes du travail engagées précédemment, avec toujours pour objectif une consolidation des finances publiques et un accroissement de la compétitivité du pays. A l’issu de cette expérience de grande coalition, en 2009, le SPD avait enregistré son pire score aux élections législatives.

Ce souvenir toujours bien présent, il a eu à cœur, cette fois, de faire preuve d’une grande fermeté pour ne pas mettre de côté les problématiques sociales chères à son électorat.

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