L’accompagnement des personnes âgées à domicile, un secteur à transformer

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Par Maélis Anselin Publié le 4 octobre 2020 à 5h06
Senior Travail Barometre
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3 millionsLe nombre de seniors en perte d'autonomie devrait passer de 2,5 en 2015 à 3 millions en 2027.

Notre conviction est que Bien vieillir, c’est pouvoir vieillir chez soi, en offrant des services à domicile pour rester bien chez soi le plus longtemps possible, en étant bien installé, bien accompagné et en sécurité.

C’est la volonté des seniors - 90 % veulent vieillir à leur domicile - dont il faut respecter, autant que possible, le choix du lieu de leur fin de vie. C’est aussi la volonté des pouvoirs publics qui prônent, depuis des années, la solution du domicile, le maintien à domicile.

Le maintien à domicile, un enjeu de société

Age d’Or participe, dans sa mission au quotidien, à privilégier le maintien à domicile de nos aînés, leur «chez soi», parce que c’est la solution la plus humaine pour eux, et la plus économique pour les Finances de l’Etat et pour les aidants. Tous ne pourront pas rester chez eux, les soins sont parfois trop lourds pour les pratiquer à domicile.

L’enjeu du devenir de ce secteur est important : selon l’INSEE, le nombre de personnes de plus de 70 ans va passer de 9 millions en 2019 à 10.5 millions en 2025 et 12 millions en 2030. Spécifiquement, le nombre de seniors en perte d’autonomie devrait passer de 2,5 en 2015 à 3 millions en 2027.

Il est d‘autant plus important que la crise sanitaire de la Covid19 - avec son constat sans appel : 9 personnes sur 10 qui sont décédées avaient plus de 65 ans - précipite à présent les réformes, avec la création de la 5ème branche de la Sécurité sociale et la promesse d’une loi Grand âge et Autonomie avant la fin d’année.

Les auxiliaires de vie pour personnes âgées en première ligne

Autre constat sans appel : la crise sanitaire a placé en première ligne les salariés de l’assistance à la personne, mais la reconnaissance de leur travail n’est pas à la hauteur de leur engagement et de leur utilité car jugés non prioritaires dans la livraison des masques, non prioritaires dans l’attribution de primes, non prioritaires dans les réévaluations de salaires actées lors du Ségur de la Santé, etc.

Cette crise sanitaire, qui a donné tout son sens et toute sa cohérence au choix du domicile et à notre offre de services à la personne, nous conduit à porter trois propositions pour l’avenir du secteur de l’aide aux seniors au domicile.

1) Le PRENDRE SOIN doit être enfin reconnu comme un secteur à part entière, comme l’est le secteur du SOIN.

S’occuper des personnes âgées et fragiles n’est pas seulement faire acte d’un soin médicalisé. Le « prendre soin » couvre une réalité tout aussi importante : il est l’acteur au quotidien des seniors qui veulent vieillir à domicile. Il permet de créer du lien, avant, pendant et après le soin, et de lui donner une véritable dimension humaine. Point d’entrée du domicile, présence sur place rassurante, il est également l’acteur important de la coordination des services et intervenants autour de la personne aidée.

2) L’Etat doit prendre une part de responsabilité importante dans la prise en charge de l’autonomie sur les territoires.

Avec la création de la 5ème branche notamment, il devient naturel de devoir clarifier rôles et responsabilités entre État et collectivités.

Pour des raisons de simplification et de cohérence de la politique de l’autonomie – à ce jour, illisible et injuste - nous plaidons, aux côtés des grandes fédérations du secteur, pour une politique nationale de prise en charge de l’autonomie, avec l’énonciation de critères objectifs, qualitatifs et transparents pour les acteurs du secteur des services à domicile, notamment pour la délivrance des autorisations aux services d‘aide et d’accompagnement à domicile et pour lutter contre les distorsions concurrentielles entre acteurs.

Les collectivités territoriales, au plus proches des besoins des personnes fragiles, assurent l’attribution des plans d’aide.

3) Deux actions immédiates doivent être portées dans la réforme : pour un tarif de prise en charge de la dépendance unique et à son juste prix, ainsi que pour une évolution des services à domicile.

Les tarifs des allocations telle que l’APA (Allocation Personnalisée pour l’autonomie) et la PCH (prestation de compensation du handicap) sont variables entre les structures de services à la personne et les départements et ne tiennent pas compte du juste prix. Nous sommes en faveur d’un tarif de prise en charge pour les personnes fragiles unique sur le territoire, revalorisé pour permettre une juste rémunération des compétences et du métier des intervenants au domicile, avec un dépassement autorisé. Figée depuis 2006, l’offre de services BORLOO des Services à domicile doit évoluer pour s’adapter aux besoins ; certains services ne font pas partie ou sont mal considérés dans la réglementation BORLOO.

Prenons un seul exemple : loin d’être une simple livraison de repas, le service de “portage de repas” à domicile pour personne âgée constitue un réel accompagnement pour le senior. C’est un véritable service d’assistance, englobant des actions essentielles telles que la prévention de la malnutrition/dénutrition, l’évaluation des besoins alimentaires ou encore la conservation du lien social.

La crise sanitaire du Covid19 a mis en évidence l’importance des métiers de l’aide à domicile pour seniors. Les auxiliaires de vie intervenant au domicile seront de plus en plus demandées. Il est nécessaire de prendre conscience des actions à mettre en œuvre afin de mieux les faire connaître, reconnaître et leur permettre d’exercer leur métier auprès des personnes âgées qui demandent une chose : continuer à vieillir chez elles.

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Maélis Anselin est Directrice des Opérations et du Développement de L’Age d’Or Expansion, franchiseur du réseau Age d’Or.