Quelle année !

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Par Sébastien Paris-Horvitz Modifié le 30 décembre 2020 à 13h35
Pandemie Coronavirus Risque Economie Estimations Crise
@shutter - © Economie Matin
40%Le Nasdaq est en hausse de plus de 40% sur l'année.
  • Pandémie : Les statistiques sur l’évolution de la pandémie restent mauvaises, même si apparemment l’accélération des infections vue sur les dernières semaines semble se tasser. Les chiffres des deux prochaines semaines seront importants pour savoir si l’effet « fêtes de fin d’année » viendra réaccélérer les contagions. En France, des restrictions supplémentaires pourraient être adoptées dès le 2 janvier dans les régions les plus touchées par l’épidémie. Entre temps, les vaccinations progressent, alors que le vaccin développé par AstraZeneca et l’Université d’Oxford pourrait être autorisé au Royaume-Uni et déployé dès le 4 janvier.
  • Politique : Les pays de l’Union Européenne ont donné leur feu vert à l’accord sur le Brexit et le parlement Anglais devrait l’entériner aujourd’hui. Le parlement Européen devrait l’adopter fin janvier 2021. Outre-Atlantique, alors que le plan de soutien ainsi que le financement du gouvernement fédéral a été adopté et devenu loi après la signature du président, la lutte continue au Congrès sur un possible accroissement de l’aide directe aux ménages. A ce stade, la hausse de l’aide au ménages à 2000 dollars demandé par Trump et soutenue par les Démocrates, semble avoir peu de chances d’être adoptée.
  • Marchés : La poursuite des discussions sur la possibilité d’accroitre l’aide au ménages dans le plan de soutien qui vient d’être adopté aux Etats-Unis, créé de la volatilité sur le marché, notamment sur les segments les plus sensibles à un accroissement de la consommation. Néanmoins, le ton reste plutôt porteur pour les bourses. La levée sur les incertitudes sur le Brexit a finalement réussi à réveiller les valeurs britanniques après une séance d’hier atone. Ce mouvement pourrait se poursuivre à très court terme.
  • Nous quittons une année de souffrance inédite mais aussi remplie d’espoir pour l’avenir grâce à une imaginable victoire scientifique. En même temps, le monde de demain se construira sans Donald Trump à la tête des Etats-Unis, alors que le Royaume-Uni va découvrir ce que le Brexit voulait vraiment dire.

Les mesures de confinement semblent enfin montrer un léger tassement dans la progression des infections. Certes, il faut se méfier des statistiques les plus récentes car elles sont souvent corrigées, et malheureusement à la hausse.

En outre, il nous faudra attendre quelques semaines pour voir si l’effet « fêtes de fin d’année », avec les regroupements familiaux et ce malgré les mesures de confinement, ne se traduit pas par une nouvelle progression.

En France, la difficulté rencontrée pour faire baisser plus rapidement les contagions, pourrait conduire le gouvernement à prendre des mesures encore plus restrictives dans les zones les plus touchées, notamment à l’est et le sud du pays. Un couvre-feu, commençant dès 18h dans ces régions, pourrait être annoncé dès le 2 janvier.

Concernant les vaccinations, elles continuent à progresser, aidées notamment aux Eta-Unis par le déploiement du vaccin de Moderna. Au Royaume-Uni, le vaccin de Astrazeneca et de l’Université d’Oxford devrait être approuvé par l’agence de santé et pourrait être déployé dès le 4 janvier. Ce vaccin, dont les caractéristiques techniques sont très différentes des ceux basés sur ARN messager déjà sur le marché, pourrait être distribué plus facilement et rapidement. En particulier, son transport et conservation ne requiert pas de conditions de température extrêmes. Aussi, AstraZeneca avait annoncé pouvoir produire près de 3 milliards de doses en année pleine, dès 2021, contre 1 milliard pour celui de Pfiser/ BiONTech ainsi que celui de Moderna.

Il reste tout de même très important de garder à l’esprit que la difficulté de maîtriser l’évolution de la pandémie pour l’instant devra avoir un coût marqué sur la croissance à très court terme. Aux Etats-Unis, néanmoins, le plan de soutien qui vient d’être adopté pourrait atténuer cet impact de manière très marqué au 1T21.

Comme attendu, l’accord sur le Brexit devrait être progressivement adopté par toutes les parties. Les gouvernements de l’Union l’ont adopté, alors que le Parlement Anglais devrait le faire aujourd’hui. Le parlement Européen devrait donner la dernière touche en l’adoptant fin janvier.

L’accord historique avec le Royaume-Uni sur sa sortie de l’Union Européenne deviendra donc peu à peu une réalité en 2021. Il y certes une période de transition, mais les entreprises anglaises et de Union verront peu à peu se manifester les frictions au niveau du commerce. Pour ce qui est des personnes, les frictions seront moins visibles. Alors, que l’incertitude règnera sur les services, notamment sur les activités financières.

Néanmoins, comme on l’a déjà indiqué, ce ne sera que dans le temps que le choix fait par les britanniques montrera ses vrais résultats. On l’a déjà beaucoup dit, cette sortie ne peut être bénéfique ni pour le Royaume-Uni ni pour l’Union Européenne.

Aux Etats-Unis, le Congrès continue de débattre. Ces discussions continuent de porter sur l’accroissement de l’aide aux ménages contenue dans la loi déjà adoptée du plan de soutien de l’économie. Demandé par le président et soutenu par les Démocrates, de porter l’aide directe aux ménages à 2000 dollars contre 600 dans la loi a peu de chances de passer au Sénat. Néanmoins, dans un calcul purement politique, les Républicains pourraient augmenter le montant, sans arriver aux 2000 dollars, si les Démocrates soutienne l’introduction de deux lois l’une qui engagerait la responsabilité des plateformes internet sur le contenu des informations diffusées et l’autre sur une investigation sur la fraude électorale lors des élections présidentielles. Cette dernière sera difficilement acceptée par les Démocrates. Toutes ces discussions n’ont qu’un but à ce stade, s’assurer du soutien des électeurs de Géorgie dans les deux élections sénatoriales qui auront lieu le 5 janvier 2021.

Les bourses continuent de gagner du terrain même si, aux Etats-Unis, le débat sur l’extension éventuelle du plan de relance crée de la volatilité.

Le sentiment sur les bourses reste porteur. Toutefois, les difficultés de renverser de manière notable le rythme des infections pourrait entamer quelque peu l’appétit pour le risque à très court terme. En outre, les discussions sur la possibilité d’un soutien budgétaire plus prononcé aux Etats-Unis contribue aussi à nourrir la volatilité. En effet, la pari qu’un soutien plus important pouvait être adopté avait contribué à donner une impulsion aux valeurs les plus cycliques. Le fait, des revoir ces anticipations se traduit par un mouvement inverse.

Néanmoins, le panorama de moyen terme ne change pas, et il est difficile d’envisager les investisseurs sortir du scénario d’une année 2021 portée par l’espoir d’une croissance forte.

Les derniers bruits de 2020, ne peuvent nous faire oublier l’année incroyable que nous laissons derrière nous.

  • Nous avons dû faire face à la première pandémie mondiale depuis 100 ans. Avec tout d’abord un coût humain considérable, avec près de 1,8 millions de morts de la maladie dans le monde et ce chiffre croit toujours. Et un coût économique d’une brutalité inédite. Des mesures de politiques économique de soutien tout aussi incroyables, dépassant très largement les actions menées lors de la crise de 2008-2009. Le gonflement historique des bilans des banques centrales et des dettes publiques (+20 points de PIB estimés par le FMI pour les pays avancés du G20) reflètent ces efforts. En même temps, l’innovation scientifique a conduit à des exploits sans précédent, créant des vaccins avec une célérité historique. Grâce à la technologie de l’ARN messager, deux vaccins ont été mis sur le marché en moins d’un an !
  • L’ère Trump, du moins pour les 4 années à venir, s’est terminée. Alors que l’Etat florissant de l’économie américaine en fin d’année 2019, avec notamment un taux de chômage à un niveau historiquement bas (3,5%), semblait assurer Donald Trump d’une réélection sans encombre, la pandémie a venu anéantir ce dessin. Evidemment, ceci n’augure en rien de la défaite de la vague populiste qui domine la politique mondiale. La montée des inégalités due à la crise en sera encore un terreau porteur.
  • Le Brexit sera moins une surprise, mais c’est aussi arrivé en 2021 avec une dramaturgie dont nous avons le secret en Europe.
  • Les événements naturels extrêmes ont aussi marqué 2021. Au niveau des températures, encore une année des records, plaçant cette année au podium des années les plus chaudes. Des feux de forêt dévastateurs ainsi qu’une saison d’ouragans historique ont touché la planète. Un rappel surement des conséquences du réchauffement climatique
  • Sur les marchés, au regard des performances, le contraste est saisissant avec les calamités qui nous ont touché. Sur les bourses, les baisses sont soit relativement négligeables, soit montrent des performances impressionanâtes. Le secteur de la technologie en sera le grand bénéficiaire avec des revenus résilients et grâce au pari sur la croissance. Le Nasdaq est en hausse de plus de 40% sur l’année. La meilleure gestion de la crise sanitaire en Asie s’est aussi traduit par une surperformance notable, notamment de la Corée ou Taiwan. La liquidité qui a inondé le marché a aussi créé des manias, toutes avec des histoires plus au moins crédibles sur l’avenir. Des valeurs comme Tesla (le pari sur la voiture électrique), ou Zoom (le moyen dominant de communiquer à distance, ou Moderna (la révolution biotechnologique) ont été porté aux cieux en termes de valorisation. Aussi, devant les politiques des reflations extrêmes, si bien l’or a joué son rôle protecteur, les crypto-monnaies, tels le Bitcoin ou Ethereum ont vu leur cours exploser en fin d’année. En même temps, les taux d’intérêt ont atteint des niveaux historiquement, alors que les spreads de crédit sont assez rapidement à des niveaux dextrement faibles, en dépit d’émission de dette d’entreprises record.

Bref, nous quittons une année extraordinaire pour le pire comme pour le meilleur, du moins pour les marchés. Difficile de penser que l’année 2021 puisse s’y comparer ou aucune autre. Mais restons prudents, personne ne pouvait prévoir ce qui nous est arrivé pendant cette année qui s’achève.

On vous souhaite à tous une très bonne année 2021 !

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