Naissances : 2024, pire année de l’Histoire de France ?

La France fait face à une crise démographique qui inquiète de plus en plus. Depuis plusieurs années, le nombre de naissances ne cesse de diminuer, atteignant des niveaux historiquement bas. Et 2024 n’échappe pas à la tendance, selon les données de l’Insee. Pire : ce pourrait être la pire année de l’Histoire récente.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 2 août 2024 à 6h38
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2,4%Le nombre de naissances en France a baissé de 2,4% au premier semestre 2024.

Une baisse constante des naissances en France

Entre janvier et juin 2024, selon l’Insee, la France a enregistré environ 326 000 naissances, soit une baisse de 2,4% par rapport à la même période en 2023. Cette diminution s'inscrit dans une tendance de long terme, avec une baisse annuelle des naissances depuis 2011, à l'exception de 2021 qui avait connu un léger rebond post-confinement lié à la pandémie de Covid-19. En 2023, le nombre total de naissances était de 678 000, franchissant pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale la barre symbolique des 700 000 naissances.

Le mois de juin 2024 a été particulièrement marqué par une chute de 7,9% des naissances. Didier Breton, chercheur associé à l'Institut national d'études démographiques (Ined) interrogé par l’AFP, a souligné que cette baisse pourrait être liée à des événements anxiogènes, tels que l'attaque du Hamas en Israël en octobre précédent, qui auraient incité les couples à reporter leurs projets de parentalité.

Les causes de la crise de la natalité

Plusieurs facteurs expliquent cette baisse persistante de la natalité en France. D'une part, le nombre de femmes en âge de procréer (20 à 40 ans) diminue, ce qui réduit mécaniquement le nombre de naissances potentielles. Par ailleurs, les générations actuelles de femmes tendent à avoir moins d'enfants que les précédentes. Didier Breton a noté que les Français étaient autrefois moins nombreux à ne pas avoir d'enfants et plus nombreux à en avoir trois ou plus, mais cette tendance est en train de changer .

D'autre part, des facteurs économiques et sociaux jouent également un rôle. La précarité économique, l'incertitude face à l'avenir et les difficultés à concilier vie professionnelle et familiale découragent de nombreux couples de fonder une famille. La baisse de la natalité est également accentuée par des choix de vie différents, avec une augmentation des divorces et une baisse du nombre de mariages .

Les mesures du gouvernement et leurs limites

Face à cette crise démographique, le président Emmanuel Macron a annoncé un "réarmement démographique" en 2023, incluant la création d'un congé de naissance de six mois pour les deux parents et un plan ambitieux pour lutter contre l'infertilité. Cependant, ces mesures peinent à convaincre et à avoir un impact sur la natalité. La dissolution de l'Assemblée nationale et la crise politique qui a suivi ont en outre ralenti la mise en œuvre de ces réformes .

Les démographes restent sceptiques quant à l'efficacité des politiques natalistes. Bien que ces mesures puissent faciliter la réalisation du désir des couples d'avoir des enfants, elles ne peuvent pas créer ce désir. Or la situation mondiale, la crise climatique, les inégalités sociales et les guerres ont plutôt tendance à réduire ce désir chez les jeunes, de plus en plus inquiets par le futur de la planète.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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