États-Unis : une agence clé sacrifiée faute de budget… ou de Musk

Un organisme chargé de contrer les manipulations étrangères ferme ses portes aux États-Unis. Ce bureau, pourtant indispensable pour traquer les campagnes de désinformation venues de puissances comme la Chine et la Russie, disparaît dans un contexte particulier.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 26 décembre 2024 à 9h00
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États-Unis : une agence clé sacrifiée faute de budget… ou de Musk - © Economie Matin
61 MILLIONS $Malgré ses efforts, l’agence restait dotée d’un budget modeste, estimé à 61 millions de dollars pour environ 120 employés. 

Le Global Engagement Center n’était pas qu’une simple institution bureaucratique : il incarnait la réponse américaine face aux stratégies d’influence des puissances rivales. Pourtant, son existence a été balayée par un jeu de forces politiques où budgets serrés et polémiques idéologiques se sont affrontés.

Des critiques acerbes portées par Elon Musk depuis plus d'un an

Créé en 2016, le Global Engagement Center (GEC) s’était imposé comme un rempart contre les ingérences étrangères. Son rôle ? Identifier et contrer les campagnes de désinformation orchestrées par des acteurs comme la Chine ou la Russie. En 2022, un rapport alarmant soulignait que Pékin investissait des milliards de dollars pour influencer les opinions à l’échelle mondiale. La Russie, de son côté, usait de propagande massive via des médias comme Sputnik, qualifiant le GEC de « ministère de la Vérité », du roman 1984 de George Orwell.
Malgré ses efforts, l’agence restait dotée d’un budget modeste, estimé à 61 millions de dollars pour environ 120 employés.

En 2023, Elon Musk, soutien plus que déclaré de Donald Trump, désignait le GEC comme « une menace pour la démocratie américaine ». L’entrepreneur accusait l’agence de pratiquer la censure sous couvert de lutte contre la désinformation. Des propos relayés et amplifiés par des élus républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, qui voyaient dans l’organisme une atteinte aux libertés individuelles.
Depuis, Donald Trump a remporté la présidentielle américaine face à Kamala Harris en novembre 2024 et Musk a été nommé à une commission pour l’« efficacité gouvernementale ».

Un symbole sacrifié sur l’autel des tensions politiques

La fermeture du GEC intervient dans un contexte de négociations budgétaires tendues aux États-Unis. Le 24 décembre 2024, pour éviter un « shutdown » fédéral, le Congrès a acté l’abandon de la prolongation de son financement.
Cette disparition symbolique préfigure peut-être un retour aux politiques plus conservatrices, alors que Donald Trump s’apprête à revenir à la Maison Blanche dans moins d'un mois (le 20 janvier 2025). Pour de nombreux analystes, cela marque une victoire idéologique pour les soutiens du président élu.

La disparition du GEC ne signifie pas que les États-Unis abandonneront totalement leurs efforts contre les manipulations étrangères. Cependant, ce vide suscite des inquiétudes quant à la coordination et à l'efficacité des futures initiatives. James Rubin, responsable de l’agence, avait lancé en juin 2024 un organisme multinational en Pologne pour contrer la désinformation russe sur la guerre en Ukraine.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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