Le mouvement patronal ETHIC présidé par Sophie de Menthon a reçu le mardi 7 décembre 2021 au Cercle de l’Union Interalliée, à Paris, Michel Barnier pour un déjeuner débat sur le thème du Brexit. Voici un éclairage sur notre Premier ministre.
Michel Barnier : le candidat à la Présidentielle 2022 invité du mouvement ETHIC… devenu 1er Ministre !
Négociateur en chef du Brexit pour l’Union européenne de 2016 à 2020, Michel Barnier a joué un rôle majeur dans les accords qui encadrent la nouvelle relation entre Européens et Britanniques.
Il était très attendu non pour évoquer les primaires LR mais pour son regard sur l’Europe car les chefs d’entreprise sont d’abord intéressés par l’avenir de leur entreprise lié aux contraintes européennes, davantage que par le débat quotidien sur les candidats. Les négociations sur le Brexit, a expliqué Michel Barnier, ont été extraordinairement compliquées. Elles ont impliqué autour de moi 140 personnes de 22 nationalités. Les Britanniques ont quitté 600 accords internationaux. Il a fallu tout détricoter et nous avons fini par divorcer en deux temps, par deux traités, l’un institutionnel et politique, l’autre économique.
En présence d’une centaine de chefs d’entreprise, des responsables de la chambre franco-britannique et de Thierry Drilhon, président de la chambre de Commerce et d’industrie franco-qui déclare que les chefs d’entreprises s’organisent entre eux pour maintenir et même développer leurs entreprises britanniques et françaises. Pourtant Michel Barnier a dressé un constat sévère à savoir que Le Brexit est un échec très grave de l’Union Européenne. C’est la première fois qu’un pays, et pas n’importe lequel, la quitte. Le Brexit va faire perdre 20 à 25 % des échanges entre nous et le Royaume-Uni. C’est loose-loose, c’est à dire perdant-perdant pour tout le monde. Comme pour tout échec il y a des leçons à tirer. Bruxelles doit apporter des réponses aux problèmes qui font que les gens ont répondu non à l’Union européenne en Grande Bretagne. Il y a un sentiment d’incompréhension populaire vis à vis de l’Europe dans beaucoup de pays. Si le vote avait lieu de nouveau aujourd’hui, le résultat ne serait pas forcément différent. Les Britanniques ont fait le choix d’être solitaires plutôt que solidaires.
Michel Barnier a aussi lancé un avertissement pour l’avenir en soulignant que si nous voulons rester à la table des négociations mondiales, il faut faire partie de l’Union Européenne. Quoi qu’on pense de Bruxelles nous n’avons pas le droit de saboter l’Europe, sinon nous deviendrons des sous-traitants des Chinois et des Américains. Les extrémistes de tous pays ont pour ambition de faire exploser l’Europe de l’intérieur. Ils veulent détruire le projet européen pour mieux diriger le monde seuls dans une vision xénophobe.
Sur la suradministration européenne, Michel Barnier avait affirmé qu’il n’y a pas une directive européenne qui ne soit approuvée par la France mais il est vrai que nous avons créé contre nous-mêmes une distorsion de concurrence. Une évaluation des textes européens pour voir comment nous devons transposer les textes selon les pays, selon que l’on soit par exemple en France ou en Allemagne est indispensable. Le chantier national est vaste et peut-être pourrons-nous enfin s’inspirer de ce qui marche dans les autres pays européens tant sur la fiscalité que sur le droit du travail.