Pourquoi s’intéresser aujourd’hui au Mexique ? Plusieurs raisons plaident en faveur de ce pays, qui est l’un des plus grands producteurs mondiaux d’argent, de cuivre, d’or, de plomb, de zinc, de pétrole et de gaz naturel. Partenaire commercial privilégié des États-Unis, le Mexique est aussi l’un des principaux bénéficiaires de la restructuration des chaînes d’approvisionnement mondiales, qui se créent en parallèle de celles de la Chine.
Tequila Sunrise : Pourquoi s’intéresser aujourd’hui au Mexique ?
Dixième pays le plus peuplé du monde, avec plus de 127 millions d'habitants1, soit la France et l'Italie réunies, son PIB – 1470 milliards de dollars – est supérieur à celui de l'Espagne. Et, tout comme en France, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, les récentes élections nationales ont fait couler de l’encre.
Le parti sortant, Morena, et sa candidate Claudia Sheinbaum, ont remporté une victoire écrasante lors des élections présidentielles du 2 juin. Plus inquiétant pour les investisseurs, Morena a obtenu suffisamment de sièges à la chambre basse du Congrès pour procéder à des changements constitutionnels de son propre chef. Et, il ne lui manquait que deux sièges pour obtenir la majorité des deux tiers nécessaires pour faire de même au Sénat. La possibilité d'entreprendre des changements majeurs crée de l'incertitude, et les marchés détestent l'incertitude.
Ajoutant un peu d'appréhension, le président sortant, Andrés Manuel López Obrador, dont la popularité est portée par ses actions de lutte contre la pauvreté, ne quittera ses fonctions que le 1er octobre, un mois après l'entrée en fonction du nouveau Congrès et du nouveau Sénat. Cela donne à AMLO, comme on le surnomme, la possibilité de procéder à des changements constitutionnels majeurs sans s'inquiéter des conséquences.
Tous ces facteurs ont créé une extrême volatilité sur les marchés post élections. Le peso mexicain a perdu 10% et, durant deux semaines, la Bourse a fortement chuté. Mais les marchés commettent souvent la même erreur lorsqu'ils s'intéressent à l'Amérique latine. Pour eux, toute victoire de la gauche s’inscrit dans la lignée d’Hugo Chavez au Venezuela, avec la nationalisation d’actifs privés, le règne de l’hyperinflation et des investisseurs anéantis. La réalité est généralement autre. Si en 2002, la probabilité de l’élection de Lula au Brésil a créé la panique sur les marchés, qui ont chuté de 80% entre le pic de 2000 et l'élection, dans les faits, Lula a gouverné avec compétence, et investir au moment de son élection s'est avéré être une réelle opportunité. Même panique sur les marchés lorsque Humala a gagné au Pérou en 2011, mais là encore, le gouvernement a été géré avec compétence, ce qui a également créé des opportunités. Enfin, le Mexique lui-même fournit un précédent avec la victoire d'AMLO en 2018. Si les marchés se sont fortement repliés à son élection, négligeant le travail qu'il avait accompli à la tête de la ville de Mexico, en particulier en matière de responsabilité fiscale, il s’agissait là aussi d'une opportunité.
Auparavant maire de Mexico, la plus grande ville d'Amérique du Nord avec plus de 9,2 millions d'habitants, Claudia Sheinbaum a suivi les traces d'AMLO. De l'avis général, sa gestion de la ville est jugée crédible. Ingénieur de formation, elle est l'auteur de plus de 100 articles et de deux livres sur l'énergie et l'environnement. Si sa philosophie politique n’est pas libérale, tout dans son parcours indique qu'elle est une gestionnaire sensée et compétente. Les membres de son cabinet sont des personnalités très classiques, ce qui devrait calmer les inquiétudes des investisseurs. Plutôt que de céder à la peur irrationnelle suscitée par sa victoire électorale, il semblerait que les investisseurs soient mieux servis en tirant parti de la volatilité des marchés.
1 2022