Le chocolatier suisse Lindt & Sprüngli, réputé pour ses promesses de qualité, se retrouve au cœur d’une affaire judiciaire aux États-Unis. Accusé de vendre des produits contenant des métaux lourds, Lindt défend ses slogans marketing comme de simples « exagérations publicitaires ». Cette stratégie met en péril l’image de qualité de la marque.
Métaux lourds dans le chocolat : l’étrange défense de Lindt aux États-Unis
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Publié le 12 novembre 2024 à 11h30
5,20 MILLIARDSLe chiffre d’affaires de Lindt & Sprüngli a atteint 5,20 milliards de francs suisse en 2023.
Face à une plainte collective déposée en février 2023 par des consommateurs de plusieurs États américains, Lindt & Sprüngli a tenté de défendre ses slogans publicitaires en les qualifiant d’« exagérations » ou de « fanfaronnades ». L'affaire a été déclenchée par un article de l’association de consommateurs américaine Consumer Reports, qui pointait la présence de métaux lourds — cadmium et plomb — dans plusieurs tablettes de chocolat noir commercialisées aux États-Unis, y compris celles de Lindt.
Une défense qui sape les promesses de qualité
Les plaignants, originaires d'États comme l’Alabama, la Californie et New York, reprochent à Lindt d'avoir trompé leurs attentes en matière de qualité. En effet, beaucoup d'entre eux affirment avoir acheté les produits du chocolatier suisse en raison de l'image haut de gamme véhiculée par des mentions telles que « excellence » et « fabriqué avec nos meilleurs ingrédients ».
Cependant, lors de la procédure, les avocats de Lindt ont déclaré que ces termes ne devaient pas être pris au pied de la lettre et relèvent plutôt de la publicité flatteuse, destinée à convaincre le consommateur sans pour autant engager la responsabilité de l’entreprise. Une cour du district Est de New York, examinant cette argumentation, a rejeté les tentatives du groupe pour bloquer la plainte collective, soulignant que le chocolatier pourrait avoir abusé de la confiance des consommateurs.
Cette défense, considérée comme « osée » par certains observateurs, expose Lindt à un double risque. D’un côté, la société pourrait faire face à des sanctions si les accusations de présence de métaux lourds se confirment ; de l’autre, elle risque d’écorner son image de marque.
Un équilibre fragile pour l'image de marque de Lindt
Comme le souligne le quotidien suisse Le Temps, la stratégie de Lindt repose largement sur une image de qualité qui justifie des prix élevés et attire des consommateurs prêts à dépenser plus pour des produits qu’ils croient supérieurs en termes de sécurité et de pureté. Dans un pays comme la Suisse, où la qualité est un argument de vente majeur et souvent associé aux coûts de production élevés, cette affaire est d’autant plus délicate.
L’affaire Lindt intervient alors que la question de la sécurité alimentaire gagne en importance dans l’industrie chocolatière mondiale. Selon Consumer Reports, si certaines tablettes Lindt affichaient des niveaux préoccupants de cadmium et de plomb, d'autres marques bio présentaient également des concentrations élevées. En réaction, plusieurs groupes de consommateurs aux États-Unis continuent de demander des standards de qualité plus stricts, appelant les entreprises à une transparence accrue sur la composition de leurs produits.
En l’absence de commentaires officiels de Lindt, les répercussions de cette affaire restent à surveiller de près, tant pour les consommateurs américains que pour la réputation internationale de Lindt. Cette affaire soulève des questions plus larges sur les pratiques publicitaires et les attentes des consommateurs en matière de qualité.