L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, actuellement en discussion, suscite de vives inquiétudes parmi les agriculteurs français. Alors que la profession fait déjà face à des défis majeurs tels que des conditions climatiques défavorables et la hausse des coûts d'intrants, le spectre de produits sud-américains importés, associés à des normes moins exigeantes, amplifie les craintes de déstabilisation du secteur agricole hexagonal. Le label Agri-Éthique, représentant 4 600 agriculteurs, tire la sonnette d'alarme quant à la loyauté nécessaire dans les échanges commerciaux.
Une concurrence jugée déloyale
Dès lors, quel impact réel peut avoir cet accord international sur l'agriculture française ? Les experts s'accordent à dire que bien que le volume d'importation soit relativement faible par rapport à la production nationale, l'effet sur le marché pourrait être disproportionné. Une déclaration de Ludovic Brindejonc, directeur d'Agri-Éthique, met en évidence les dangers de cette situation : « cet accord permettrait l'importation de produits agricoles d'Amérique du Sud, où les normes sanitaires, sociales et environnementales sont moins strictes qu'en France ».
Ce constat soulève une question essentielle : la compétitivité des agriculteurs français sera-t-elle en péril ? L'importation de produits tels que le soja et le bétail, généralement moins chers en raison de coûts de production réduits, pourrait en effet fragiliser les revenus des producteurs locaux. Les craintes d'une concurrence déloyale persistent, alors même que la profession peine déjà à faire face à des coûts de production élevés.
La santé des consommateurs, un enjeu primordial
Au-delà des enjeux économiques, la question sanitaire se pose de manière pressante. Les méthodes de production dans les pays du Mercosur, notamment en matière d'utilisation de pesticides et d'antibiotiques, suscitent des préoccupations croissantes. « Les pratiques d’utilisation de pesticides et d’antibiotiques facteurs de croissance sont fréquentes dans les pays du Mercosur, suscitant des craintes pour la santé des consommateurs européens », rappelle Brindejonc.
Dans ce contexte, le rôle des labels de qualité comme Agri-Éthique devient crucial. Ils visent à garantir une traçabilité et à rassurer les consommateurs sur l'origine des produits qu'ils achètent. Brindejonc souligne l'importance de cette transparence : « Nous devons aux consommateurs une absolue clarté pour garantir la souveraineté alimentaire de la France et la pérennité de l'agriculture française ».
Vers une responsabilité collective ?
Face à cet enjeu de taille, la question se pose : comment permettre une véritable loyauté dans les échanges internationaux tout en préservant l'agriculture locale ? Les agriculteurs français, à travers des initiatives telles qu'Agri-Éthique, cherchent à dynamiser une agriculture durable et équitable. L'accord Mercosur pourrait, en revanche, mener à une situation où les consommateurs se voyaient contraints de choisir entre prix attractifs et production responsable.
Depuis 2013, Agri-Éthique se positionne comme un acteur clé dans ce domaine, proposant un cadre assurant une rémunération équitable pour les producteurs. En effet, avec 773 références produits labellisées et un chiffre d'affaires de 520 millions d'euros, ce label représente davantage qu'une simple certification. Il incarne l'engagement vers une agriculture locale, respectueuse des valeurs sociétales et environnementales.
À mesure que les discussions autour du Mercosur avancent, la mobilisation des consommateurs et des acteurs du secteur agricole s'avère indispensable. La question de la souveraineté alimentaire n'a jamais été aussi pressante et nécessite des réponses concrètes et rapides pour protéger le modèle agricole français face à la compétition étrangère.
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