En octobre 2024, une première alerte retentissait. Une enquête du Monde révélait que des gardes du corps de plusieurs chefs d’État, dont Emmanuel Macron, avaient publié leurs parcours sportifs sur l’application Strava, rendant leurs déplacements facilement traçables. Lundi 13 janvier 2025, Le Monde a publié une seconde enquête qui révèle des informations des plus préoccupantes à l’Île-Longue, base la plus secrète et sécurisée de la Marine nationale, celle-ci abritant les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français.
Défense nationale : nouveau scandale Strava, sur nos sous-marins nucléaires cette fois-ci
Malgré une directive stricte émise dès 2018 par le ministère des Armées interdisant l’usage d’objets connectés sur les bases militaires, plusieurs marins de la base de l'île-Longue (Finistère) ont continué à utiliser leurs montres connectées, synchronisant ainsi leurs données sur l'application de suivi sportif de Strava et les rendant même accessibles à tous en laissant leur profil public.
Strava compromet la sécurité de la base la plus secrète de la Marine nationale
La base de l’Île-Longue, dans le Finistère, abrite les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) qui assurent la dissuasion nucléaire de la France. Leur mission repose sur une discrétion totale, essentielle à la sécurité nationale. Pourtant, cette discrétion a été mise en danger par Strava, une application de suivi sportif. En octobre 2024, Le Monde révélait déjà dans une première enquête que des gardes du corps de chefs d’État, dont Emmanuel Macron, utilisaient Strava, rendant leurs trajets et routines sportives accessibles à tous, et compromettant ainsi la sécurité de la présidence.
Malgré une interdiction du ministère des Armées des objets connectés sur les bases militaires depuis 2018, plusieurs sous-mariniers de l’Île-Longue ont continué à utiliser des montres connectées, révèle Le Monde. Même en mode hors connexion, celles-ci ont enregistré les séances des dits sous-mariniers et ces dernières ont par la suite été automatiquement synchronisées suite à une connexion au réseau Internet. Comme pour la polémique sur la négligence des gardes du corps, Le Monde dévoile que les données de plusieurs sous-mariniers affectés à la base ultra-secrète de l’Île-Longue étaient publiques, et donc à la disposition de n'importe qui !
Des protocoles de sécurité pas assez stricts
En analysant les interruptions et les reprises des activités publiées sur Strava, nos confrères ont pu constituer des calendriers précis des missions des sous-marins nucléaires français. Chaque interruption prolongée correspondait à un départ en patrouille, tandis que la synchronisation de nouvelles données marquait leur retour à la base. Autrement dit, de simples journalistes ont réussi à deviner les périodes de patrouille des sous-marins nucléaires français via l'analyse des données issues d'une simple application, et disponible à tous.
C'est toute la dissuasion nucléaire française qui s'est retrouvée compromise par la « négligence » de certains sous-mariniers. Une menace réelle pour la sécurité nationale, d’autant plus préoccupante que ces erreurs auraient pu être évitées si les consignes de sécurité numérique, imposées dès 2018, avaient été rigoureusement respectées. De fait, si une simple application de course à pied peut suffire à compromettre le dispositif de dissuasion nucléaire de la France, cela démontre que les protocoles de sécurité ne sont tout d'abord pas appliqués, mais également pas assez stricts.