Alors que les indices boursiers enchainent les séances de hausses sans quasiment faire de pause, les matières premières ne partagent pas le même optimisme.
Marchés actions versus matières premières : le fort contraste
L’indice Bloomberg des matières premières, qui synthétise l’évolution des métaux industriels, des matières premières agricoles et de l’énergie, est tombé hier à son plus bas niveau depuis fin mai. Tiré notamment à la baisse par le pétrole qui fleurte avec les 70$ (WTI) alors qu’il évoluait encore à plus de 90$ il y a deux mois.
Cette rechute des matières premières se fait sur fond d’incertitudes persistantes sur la trajectoire de l’économie chinoise malgré les mesures de soutien qui se multiplient depuis quelques mois, mais aussi en parallèle du ralentissement de l’économie européenne…et de l’économie américaine. Depuis près de deux mois, la plupart des publications de chiffres macro aux Etats-Unis ressortent en-dessous du consensus. La Fed d’Atlanta, dont le modèle de prévision économique actualise régulièrement en fonction des publications, estime au moment où ces lignes sont rédigées, que la croissance américaine au quatrième trimestre sera de 1.3%...très loin des 5.2% stratosphériques du troisième trimestre.
En zone euro, la situation reste fragile comme en témoignent les indices d’activité PMI qui évoluent toujours sous 50, c’est-à-dire en zone de contraction. Du côté de la Chine, les chiffres de la balance commerciale publié cette nuit font toujours planer des doutes sur la vigueur de la demande intérieure chinoise : les importations chinoises se sont repliées de 0.6% alors que le consensus tablait sur un rebond de 3.3%.
La rechute des matières premières ces dernières semaines semblent donc refléter cette faiblesse macroéconomique globale. Ce qui contraste fortement avec la trajectoire très haussière des indices actions durant la même période. Cela s’explique en grande partie parce que les marchés actions font le pari que les banques centrales vont rapidement devoir baisser leurs taux dans ce contexte de ralentissement pour éviter une récession…mais les anticipations de marché sur le calendrier des premières baisses de taux sont peut-être un peu trop agressives. Les marchés considèrent que les premières baisses de taux pourraient intervenir dès le mois de mars…et que la BCE pourrait procéder à près de 6 baisses de taux de 0.25% en 2024 !
Probablement trop agressif quand on voit que l’inflation sous-jacente en zone euro évolue encore à 3.6% (mandat de la BCE à 2%) et que cette inflation sous-jacente est encore à 4% aux Etats-Unis.
Il serait donc plutôt sain que les marchés actions commencent à « consolider » un peu après cette énorme poussée haussière car pour l’instant rien n’indique dans les déclarations des membres de la Fed ou de la BCE qu’une baisse des taux interviendra dès le premier trimestre.