Avec 1062 lots vendus, Banksy (en vente sur Artransfer) se hisse en seconde place du classement des artistes au produit de ventes le plus élevé sur la période 2021-2022. Il est dépassé par Jean-Michel Basquiat, qui affirme sa domination du marché en occupant la première place avec seulement 88 lots vendus. Pourtant, ces géants de l’art contemporain n’empêchent pas le marché d’évoluer continuellement, réservant son lot de surprises.
Second marché : les artistes contemporains à l’honneur
L’art contemporain sur le second marché
Là où l’art contemporain est l’essence même du premier marché, il s’est également emparé du second marché de manière indéniable, notamment grâce aux ventes aux enchères. Avec un produit des ventes de 2,7 milliards de dollars entre juillet 2021 et juin 2022, contre 2.73 milliards pour la période précédente. Ainsi, on semble remarquer une stabilisation du marché, confirmée par la constance du taux de lots invendus qui reste à 33%.
Il faut néanmoins rappeler la politique zéro-Covid adoptée par la Chine qui, selon le rapport 2021-2022 publié par Artprice, a empêché une croissance de +9% sur la période. Il semble donc que le marché de l’art contemporain est en réalité en progression continue, en témoigne la croissance du nombre de transactions de +12%. Ainsi, si les ventes d’art contemporain n’ont pas atteint le produit de la période précédente, elles ont réussi à maintenir tout le dynamisme qui résultait de la période post-covid.
Un classement moins dynamique ?
Le dynamisme de ce marché prend sens dans un marché à deux échelles. La première échelle consiste en un marché global de l’art contemporain, constitué d'artistes à la carrière établie et confirmée par les institutions, et dont les têtes d’affiches restent les mêmes que l’an passé à une exception près. Sans grande surprise, ce marché reste dominé par Jean-Michel Basquiat, dont la peinture Untitled “无题” (1982) a atteint les 85 millions de dollars (commissions comprises) contre 93,1 millions l’an passé avec In This Case (1983). Le reste du podium est occupé par Banksy (en vente sur Artransfer) et Yoshitomo Nara, avec un produit de ventes de respectivement 128 millions et 106 millions ; soit plus de deux fois inférieurs à celui de Basquiat qui atteint les 268 millions de dollars. L’écart continue de se creuser puisqu’ils sont suivis par Georges Condo et son total de ventes de 78 millions de dollars.
Si le top 4 de ces artistes est strictement le même que l’an passé, la suite du classement affiche un changement majeur. Beeple quitte la cinquième place, qu’il avait atteint en seulement deux ventes, et redescend à la quinzième avec un produit de ventes de 29 millions pour 6 lots. Il est remplacé par Cecily Brown, qui atteint un total de ventes pour 54 millions pour 40 lots alors qu’elle était vingtième l’an passé avec un produit de 23 millions.
L’art ultra-contemporain
La seconde échelle de ce marché désigne l’art ultra-contemporain, en d’autres termes les artistes de moins de quarante ans qui influent positivement sur le dynamisme du marché. En effet, l’évolution de leurs cotes est bien plus rapide, parfois instantanée comme dans le cas de Beeple, et a pour conséquence d’être beaucoup moins stable. Ils occupent donc une place non négligeable du marché, avec un produit de ventes totale de 200,9 millions de dollars soit 2,7% du marché mondial Fine Art aux enchères contre 1,8% en 2020. Parmi ces artistes, Matthew Wong se fait figure de proue en représentant 10% du total des ventes d’art ultra-contemporain sur le premier semestre de 2022. Il partage son podium avec Ayako Rokkaku et Flora Yukhnovich, deux artistes femmes aux produits de ventes respectifs de 19 et 13 millions de dollars.
La présence de femmes dans le top de ces artistes semble par ailleurs caractéristique de cette échelle du marché puisque pas moins de 7 femmes se placent dans ce top 10. On retrouve ainsi Avery Singer en cinquième place, puis María Berrío, Anna Weyant, Christina Quarles et Lorie Hollowell qui occupent les 4 dernières places de ce classement. Force est de constater que ce segment de marché est sensible aux problématiques sociales et culturelles auxquelles nous faisons face, lui permettant de rivaliser à sa manière avec le podium indétrônable de l’art contemporain.
Pierre-H. Way pour Artransfer